Le chauffard coupable d’avoir tué un motocycliste en voulant contourner une famille de canards porte en appel son verdict de culpabilité. Éric Rondeau reproche au juge des erreurs de droit. Le ministère public a déjà annoncé ses couleurs et entend réclamer huit mois de prison.

Le Repentignois de 48 ans a été reconnu coupable par un jury, le mois dernier, d’avoir causé la mort du motocycliste Félix-Antoine Gagné, en juillet 2019, en conduisant de façon dangereuse pour le public.

Au volant de sa camionnette Ford F-150, Éric Rondeau s’était arrêté dans une courbe de la route 345, à Sainte-Élisabeth, pour laisser des canards traverser le chemin. Après quelques secondes à l’arrêt, le conducteur s’était dirigé dans la voie inverse pour contourner les oiseaux retardataires. Une décision fatale.

Son imposante camionnette, laquelle tirait une remorque de ponton, s’est alors retrouvée entièrement à contresens dans une courbe à la visibilité réduite. Éric Rondeau roulait alors à seulement 18 km/h.

Le motocycliste de 19 ans qui circulait dans l’autre direction à ce moment précis a été incapable d’éviter la collision. Selon un expert, il roulait à une vitesse de 90 à 100 km/h avant de freiner. En raison de la configuration de la route, la victime a aperçu le véhicule d’Éric Rondeau au dernier moment.

Au procès, Éric Rondeau a tenté de convaincre le jury qu’il s’était retrouvé sans le vouloir à contresens, parce qu’il regardait dans son rétroviseur pendant toute la manœuvre de contournement des canards. Un récit qui n’a pas convaincu le jury.

Le chauffard se tourne maintenant vers la Cour d’appel du Québec pour obtenir un verdict d’acquittement, ou à défaut, la tenue d’un nouveau procès. La défense reproche au juge Marc-André Blanchard d’avoir commis deux erreurs en droit dans ses directives au jury. Les jurés ont rendu un verdict « déraisonnable », estime MMichel Marchand.

Selon la défense, le juge n’a pas informé adéquatement le jury au sujet de la défense d’erreur de fait et sur l’importance de considérer « l’état d’esprit véritable » de l’accusé au moment des faits. Également, le juge a erré dans ses directives au jury concernant le lien entre la conduite de l’accusé et la mort du jeune homme.

D’autre part, le ministère public, représenté par MAlexandre Dubois et MJade Coderre, a déjà indiqué au juge avoir l’intention de demander une peine de prison de huit mois ainsi qu’une interdiction de conduite pendant cinq ans, sous réserve des conclusions du rapport présentenciel.

Les observations sur la peine sont prévues en avril prochain.