Karim Jean-Gilles, le maître du pitbull qui a défiguré une fillette en 2015, peut maintenant sortir de prison. Encore loin d’être réhabilité, l’homme de 39 ans, qui purge une peine de près de six ans, a obtenu sa libération sous de sévères conditions.

La décision rendue le 30 juin dernier par la Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) confirme la libération d’office de Karim Jean-Gilles, qui purgeait une peine de 5 ans et 9 mois dans un pénitencier fédéral. L’homme devait être libéré d’office en 2021, mais il a lui-même refusé de sortir de prison, souhaitant être libéré ailleurs qu’à Winnipeg, où il était incarcéré. Sa libération a donc été révoquée.

La loi stipule que les délinquants incarcérés sous la responsabilité fédérale sont remis en liberté aux deux tiers de leur peine. La libération d’office ne met pas fin à la peine. Il s’agit plutôt d’une libération automatique sous surveillance permettant aux délinquants de se préparer à réintégrer la collectivité. Les délinquants peuvent être réincarcérés si le Service correctionnel du Canada (SCC) estime qu’ils présentent un danger pour le public.

Selon la décision de la CLCC, l’homme de 39 ans, une fois libéré, sera soumis à d’importantes conditions l’obligeant notamment à couper ses liens avec des personnes affiliées à des organismes antiautoritaires et antigouvernementaux. Le rapport de la CLCC révèle que Karim Jean-Gilles adhère au groupe « Freeman of the Land », qui encourage des idéologies « extrémistes ». Le groupe refuse de se soumettre aux lois des gouvernements, prétendant n’avoir jamais consenti à celles-ci.

Karim Jean-Gilles projette des comportements de « résistance » et de « non-conformité », indique la CLCC.

On avait d’ailleurs refusé sa demande de libération conditionnelle en 2019 – contrairement à la libération d’office, celle-ci doit être approuvée par la CLCC. Le détenu refusait de collaborer avec les autorités carcérales, et il s’opposait aux programmes d’intervention offerts en prison. Karim Jean-Gilles a refusé toute l’aide qu’on lui a proposée au pénitencier, peut-on lire dans la décision.

Il est prévu par cette nouvelle décision que Karim Jean-Gilles devra suivre un programme de réhabilitation une fois libéré d’office. Cela lui permettra de corriger ses comportements « violents », « anti-sociaux » et « criminels », souligne la CLCC.

La Commission demande également au détenu de résider dans un établissement communautaire ou un centre correctionnel communautaire autorisé par le SCC. Karim Jean-Gilles devra revenir à sa résidence tous les soirs. Autrement, l’homme de 39 ans pourrait présenter un risque élevé pour la société, soulève la Commission.

La CLCC le décrit comme étant une personne « impulsive » et « colérique » avec un « manque d’empathie » et de « conscience sociale ».

Plusieurs offenses

Karim Jean-Gilles a été reconnu coupable de négligence criminelle alors que son pitbull a mordu au visage une fillette de 7 ans dans un parc de Brossard en 2015. La jeune fille aurait pu mourir de cette attaque et sera marquée de ses blessures toute sa vie, rappelle la Commission dans sa décision.

L’historique criminel de Karim Jean-Gilles remonte jusqu’en 2003, selon le rapport. L’homme de 39 ans a commis plusieurs voies de fait, essentiellement contre des agents de la paix et des employés de la Justice. Certains de ces gestes ont généré d’importantes lésions corporelles chez les victimes.

Il est responsable de diverses offenses notamment rattachées à la violence, l’obstruction, l’intimidation et la résistance, peut-on lire dans le rapport. Des voies de fait avec une arme sont aussi dénoncées.

L’homme qui s’associe au groupe « Freeman of the Land » sera libéré prochainement alors que la décision a été rendue par la CLCC. Il devra s’en tenir aux conditions mentionnées pour assurer son retour dans la collectivité.