Un faux conseiller en immigration qui aurait floué des dizaines de Nord-Africains tentant d'immigrer au Canada, en leur organisant à fort coût de faux mariages, devra faire face à la justice.

Amadou Niang, un citoyen canadien originaire du Sénégal âgé de 55 ans, a vu le 30 janvier dernier 26 accusations être déposées pour lui, notamment de fausses présentations en vertu de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.

Cela s'ajoute à 16 autres accusations déposées contre lui en 2011 relativement au même type d'infraction.

Cette mise en accusation découle d'une longue enquête menée par la GRC depuis 2009.

Le projet d'enquête baptisé conjugal visait à faire la lumière sur des centaines de mariage à la légitimité suspecte.

Rapidement, Niang et un groupe de présumés complices ont été ciblés.

L'homme se présentant comme un consultant en immigration, alors qu'il n'est pas inscrit au tableau de la Société canadienne de consultants en immigration aurait, grâce à son réseau de contacts et à des complices, organisé 315 mariages, impliquant donc 630 personnes.

La GRC ne mentionne pas combien de ces mariages ont réellement eu lieu. Par contre, on sait que les immigrants approchaient Niang, qui recrutait ensuite des Canadiens prêts à accepter, moyennant rétribution, de se marier avec les demandeurs de résidence canadienne. Ces Canadiens étaient, eux, d'origines diverses. C'est l'appât du gain qui aurait motivé leur participation à ce stratagème.

«Il s'agissait de faux mariages civils en ce sens qu'ils impliquaient des gens qui ne se connaissaient pas, et qu'ils semblaient avoir été arrangés. Mais ils avaient l'air vrais aux yeux, par exemple, d'une personne qui serait passée par là par hasard. Et les mariages étaient reconnus par le Directeur de l'état civil», précise la caporale Caroline Letang, de la GRC.

«Plusieurs de ces gens ignoraient que de participer à un faux mariage est illégal en vertu de la loi. Ces gens pourraient maintenant être accusés. Nous avons arrêté un cinquantaine de personnes en cours d'enquête pour les interroger», explique la caporale Letang.

Elle précise que si pour le moment Niang est le seul accusé dans cette affaire, de nombreuses autres personnes pourraient l'être, puisque le dossier a été soumis aux procureurs du Service des poursuites pénales du Canada.

Les Canadiens ayant participé aux faux mariages, ainsi que les immigrants qui croyaient faciliter leur immigration au pays, pourraient être parmi les accusés.

Ces derniers se retrouvent vraiment dans le rôle du dindon de la farce, puisqu'ils ont dépensé de fortes sommes, parfois des milliers de dollars, qui auraient profité aux mariés canadiens mais surtout à Amadou Niang. Et ils pourraient maintenant faire face à la justice et voir leurs chances de devenir citoyens canadiens réduites à néant.

«Nous invitons le public à la vigilance s'ils se voyaient faire des offres similaires en échange d'une rétribution», conclut la caporale Letang.

S'il était trouvé coupable, Niang pourrait être passible d'un maximum de cinq ans de prison, et d'une amende de 50 000 $. Il possède un antécédent judiciaire de fraude remontant à 1991, dans la région de Rimouski.