Jean-René était en train de compter la caisse dans le bureau situé au sous-sol du Bily Kun, après une soirée occupée d'octobre, en plein week-end de l'Action de grâce. Il était 3h45. Son collègue faisait le ménage du bar en haut.

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En remontant à l'étage, le jeune barman est tombé face à face avec un homme armé dans l'escalier. «Le gars avait un fusil. Il m'a dit: «Bouge pas!»», raconte Jean-René, rencontré dans le bureau où son camarade et lui ont été séquestrés par quatre individus armés et cagoulés. Une pièce exiguë, sans fenêtre, où une fin de soirée de travail ordinaire a pris une tournure inattendue.

Les hommes ont forcé la porte d'entrée du bar avec un outil spécialisé. À l'intérieur, l'un d'eux a aussitôt braqué le canon d'un revolver sur l'employé au bar, avant de le faire descendre pour rejoindre Jean-René au sous-sol.

«Les voleurs avaient l'air de savoir exactement où aller, quoi faire. Ça paraissait qu'ils avaient déjà fait ça», explique-t-il.

Les voleurs ont ouvert le coffre-fort à l'aide d'un pied de biche. En 10 minutes, tout était fini. «Avant de partir, ils ont cassé le téléphone, saisi nos cellulaires et brisé la serrure de la porte pour nous embarrer dans le bureau.»

Par chance, un des cellulaires est tombé par terre et les employés l'ont utilisé pour appeler la police.

Jean-René dit ne pas vraiment avoir senti que sa vie était menacée. «Le ton des voleurs n'était pas agressif, mais ils nous ordonnaient de faire des choses, notamment de regarder par terre.»

Depuis cette nuit d'octobre, le barman a demandé à son patron de ne plus travailler jusqu'à la fermeture.

«Imbécile, elle voit ton visage!»

Sous le couvert de l'anonymat, une serveuse du Helm Brasseur Gourmand raconte avoir vécu des événements semblables dans la nuit du 30 juillet.

Moins d'une heure après la fermeture, la jeune femme était dans le bureau, pendant qu'un autre employé faisait le ménage du bar. Trois individus, dont deux cagoulés, ont fait irruption par la porte arrière du bar de la rue Bernard. Le plus vieux des trois avait le visage découvert. Il tenait une carabine. «Un des gars s'est approché de moi avec un tournevis. Il avait l'air perdu. «Ça va aller vite!», répétait-il», se remémore la serveuse.

Deux des individus communiquaient en espagnol. L'un d'eux avait dévoilé son visage. «L'autre lui a alors dit: «Imbécile, elle voit ton visage!» Ils m'ont alors ordonné de baisser la tête.»

Selon la serveuse, l'homme armé semblait nerveux, si bien que les deux autres lui ont demandé de sortir de la minuscule pièce dans laquelle s'entassaient déjà cinq personnes «sur l'adrénaline».

Et où les esprits commençaient à s'échauffer.

Au terme d'un interminable siège de 25 minutes, les voleurs ont finalement traîné les lourds coffres-forts jusqu'à l'extérieur, pour ensuite prendre la fuite. «Avant de partir, ils nous ont fait nous agenouiller en nous ordonnant de compter jusqu'à 100.»

La serveuse indique que les voleurs n'ont pas été agressifs, malgré la nature violente de leur geste. «L'un d'eux me répétait: «Ça achève.» Un autre s'est excusé en me fouillant.»

Après le départ des voleurs, les employés sont demeurés immobiles durant deux minutes, le temps de reprendre leurs esprits.

Ils ont alors alerté la police.

Puis, ils se sont rendus au bar et ont avalé deux shooters de whisky.