L'une des adolescentes ayant fugué la semaine dernière du centre jeunesse de Laval a été retrouvée saine et sauve, lundi soir. L'enquête et la large diffusion médiatique de sa disparition ont mené à elle.

« Elle a été retrouvée saine et sauve », a laissé tomber Sylvain*, le père de Julie*, peu après avoir appris la bonne nouvelle. « Reste à voir dans quel état, mais merci à tout le monde », a-t-il souligné.

Julie a passé quatre nuits consécutives loin du Centre jeunesse où elle vit. Des informations laissent entendre qu'elle avait pris la fuite avec au moins un jeune homme lié aux gangs de rues. En revenant de l'école, l'adolescente de 14 ans avait fui son centre jeunesse avec des jeunes hommes, à bord d'un véhicule, jeudi dernier.

« Un des trois a été identifié et il est clairement dans le giron des gangs de rues », a rapporté son père Sylvain. La police ne confirmait pas cette information disant qu'il s'agissait d'une « explication [étudiée] au même titre que plusieurs autres ».

Durant la fin de semaine, les parents, la famille et des amis de Julie, ont fait le tour des endroits de Laval où elle pouvait potentiellement se trouver, mais en vain.

Son père a craint qu'elle se soit naïvement fait embarquer dans une « aventure » dont elle n'aurait pas pu déceler le danger. Selon lui, Julie ne consomme pas, c'est une adolescente joviale, généreuse, mais qui a d'importants problèmes de quête d'identité et de recherche de reconnaissance.

« Elle a ses problèmes, ce n'est pas pour rien qu'elle est en centre.... Elle a un problème d'impulsivité et de confiance en elle. Ses points faibles sont exactement ce que les gangs de rue recherchent. Elle est malheureusement un beau poisson à pogner », avait-il candidement expliqué. 



 * Noms fictifs pour protéger l'identité de l'adolescente

Au moins trois fugues en une semaine

Julie était la troisième à s'enfuir du Centre jeunesse de Laval la semaine dernière. Lundi, Amélie Lafrance, 17 ans, a aussi pris la poudre d'escampette. La police a lancé un avis de recherche, précisant qu'elle «aurait des fréquentations qui laissent craindre pour sa sécurité». Selon ce qu'a appris La Presse, elle aurait été en contact avec des personnes qui tournent autour du milieu du commerce du sexe et de la prostitution juvénile.

Amélie Lafrance n'a toujours pas été retrouvée. Elle a les yeux pers, les cheveux bruns, un tatouage d'un coeur sur un poignet et un bijou dans la langue.

Par ailleurs, selon le père de Julie, une autre adolescente du centre a fugué mercredi dernier, mais elle est revenue deux jours plus tard.

Du côté du Service de police de Laval, il est trop tôt pour  savoir si les fugues sont reliées.

« On n'a pas d'information qui nous démontre qu'elles sont allées vers les mêmes personnes. À savoir s'il y a un regain [du recrutement par des proxénètes], ça vient souvent par vague. Mais de toute façon, on n'a pas d'indice qui confirment cette hypothèse, pas pour l'instant », a expliqué Évelyne Boudreau, porte-parole du Service de police de Laval.

Les disparitions d'adolescentes et leur exploitation par des proxénètes, que ce soit dans les centres jeunesse ou ailleurs, ont été une préoccupation constante à Laval et ailleurs, ces derniers mois.

Un vérificateur spécial nommé par Québec a déterminé que les fugues étaient en hausse dans toute la province et conclu qu'il fallait en faire une «priorité», en commençant par les adolescentes contrôlées par des proxénètes.

Depuis, la police de Laval a mené des opérations spéciales pour appâter et arrêter des clients qui auraient cherché à s'acheter les services de prostituées mineures en ligne.

- Avec Vincent Larouche

Amélie Lafrance