La ministre de la Sécurité publique, Lise Thériault, s'est dite « troublée » vendredi par les images montrant une manifestante tirée en plein visage par un policier de Québec.

Naomie Trudeau-Tremblay, 18 ans, a été blessée à la bouche après avoir reçu une bombe lacrymogène lors d'une manifestation près de l'Assemblée nationale, jeudi. Elle a été tirée à bout portant par un policier de la Vieille capitale.

« En tant que mère », Mme Thériault a reconnu être perturbée par cet événement.

« J'ai un fils qui a 24 ans, j'ai un petit-fils qui a 2 ans et demi, a-t-elle souligné lors d'un point de presse. Ces images sont choquantes et troublantes. »

« J'avoue que je me sens très troublée par ces images, a-t-elle ajouté. Il y a matière à questionnement sur les interventions policières. »

Elle a demandé aux autorités de lui fournir un « état de situation ».

La mère de Mme Trudeau-Tremblay envisage de poursuivre le policier responsable des blessures de sa fille.

Pas un incident isolé, selon l'ASSÉ

L'Association pour une solidarité syndicale étudiante déplore la façon dont les choses ont tourné lors du rassemblement contre l'austérité à Québec, jeudi.

Sa porte-parole Camille Godbout a souligné qu'une manifestante a été atteinte à la figure par «une cannette de gaz lacrymogène», ce qui a lui a valu une brûlure au menton.

En entrevue à La Presse Canadienne, Mme Godbout a soutenu vendredi qu'il ne s'agissait pas d'un incident isolé.

Elle a rapporté que «plus tôt cette semaine, à Québec, quelqu'un s'est fait mordre par un chien de police, qu'une autre personne a été blessée au visage à Montréal et qu'il y a aussi eu plusieurs coups de matraque».

La jeune femme a ajouté qu'il est grand temps que les forces de l'ordre adoptent une autre attitude.

«Les autorités doivent rectifier le tir et revoir comment elles se comportent à l'égard des gens qui sortent dans les rues pour aller défendre leurs idéaux», a-t-elle martelé.

Poursuivant sur sa lancée, elle a accusé les policiers d'agir de manière concertée pour couper les ailes des protestataires.

«Depuis le début (du soulèvement) , ils se montrent très durs vis-à-vis des personnes qui sont dans les rues (...) pour essayer de briser le mouvement collectif qui s'organise à l'échelle de la province», a-t-elle observé.

De son côté, le directeur des communications du Service de police de la Ville de Québec, François Moisan, a dit que «l'incident» survenu jeudi sera décortiqué en long et en large.

«On va effectuer une analyse complète», a-t-il indiqué.

Il a d'ores et déjà tenu à spécifier que des membres de son organisation ont eu recours à des gaz irritants car «des manifestants se sont approchés de façon menaçante de la ligne policière qui avait été mise en place (...) au point d'entrer en contact avec les agents présents».

M. Moisan a précisé qu'«il y avait eu une charge contre eux et que les protocoles d'intervention en contrôle de foule ont été respectés».

Il a par ailleurs remis en question la version des faits de Camille Godbout.

«Souvent les gens imaginent les gaz lacrymogènes comme étant des cannettes qu'on lance dans les airs. Or, ce qui a été utilisé, ce n'est pas ça», a-t-il expliqué.

Il a conclu en avançant que la manifestante avait vraisemblablement été touchée par «un bouchon de carton servant à retenir le gaz».

- Catherine Gignac, La Presse Canadienne