Ils le sauront en lisant ces lignes mais une épée de Damoclès pèse au dessus de la tête de deux individus soupçonnés d'avoir commis autant de meurtres non résolus, ces dernières années à Montréal.

Le SPVM profite du lancement d'une nouvelle page sur les meurtres non résolus sur son site internet pour annoncer qu'il possède l'ADN d'un suspect et d'un témoin important dans les assassinats de Monique Gravel, une infirmière sans histoire tuée il y a 13 ans, et de Jeannine Léveillé et de son frère Richard, victimes d'une erreur sur la personne et morts asphyxiés à la suite d'un incendie criminel en novembre 2012.

Mme Gravel, 49 ans, qui était en instance de divorce, a été découverte morte par ses enfants lorsque ceux-ci, après avoir passé la fin de semaine chez leur père, sont entrés dans la maison familiale de la rue Cardinal, dans l'arrondissement Saint-Laurent, le soir du dimanche 25 avril 2004.

Quelques heures plus tard, les policiers ont découvert la voiture de la victime abandonnée au coin des rues de Pontgravé et du boulevard Laurentien. Les clés du véhicule avaient été lancées à proximité.

Mais surtout, ce que l'on ignorait, c'est que dans la maison de Mme Gravel, les policiers ont trouvé une tuque noire contenant l'ADN d'un homme qui ne correspond à aucun individu qui gravitait dans l'entourage de la victime.

«On est convaincu que l'ADN qui correspond à la tuque a un lien important et même significatif avec le meurtre de Mme Gravel», affirme le commandant de la Division des Crimes majeurs du SPVM, Vincent Rozon.

«Souvent au moment des événements, il y a des gens qui ne veulent pas parler. Mais après quelques années, lorsque tu les rappelles ou retournes les voir, et que tu t'acharnes sur le dossier, quelqu'un te dit : Je vais te raconter de quoi que j'ai gardé pour moi. Il faut miser là dessus», renchérit le lieutenant-détective Pierre Morin.

C'est dans le cadre de l'enquête sur le meurtre de Mme Gravel que le comédien et ancien président de l'Union des artistes, Serge Turgeon, a subi une attaque cardiaque mortelle alors qu'il était en entrevue avec les enquêteurs. M. Turgeon était un ami de la victime et il n'a jamais été considéré comme un suspect dans cette affaire.

Photo tirée du site web du SPVM

Monique Gravel

Photo tirée du site web du SPVM

Les policiers ont trouvé cette tuque noire dans la maison de Monique Gravel avec l'ADN d'un homme qui ne correspond à aucun individu de l'entourage de la victime.

Dispute de trafiquants

Quant à M. et Mme Léveillé, respectivement âgés de 56 et de 65 ans, ils ont vraisemblablement été les innocentes victimes d'une dispute commerciale et territoriale entre deux cliques de vendeurs de stupéfiants dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve.

Pensant viser un logement d'un immeuble de la rue Ontario où l'un des deux groupes trafiquait de la drogue, un individu a mis le feu sur le pas de la porte et dans la cage d'escalier. Mais l'homme s'est probablement trompé d'appartement, ses occupants ont péri et un 3ème locataire a été gravement brulé sur une grande partie de son corps.

Avant que l'incendie éclate, un témoin a vu un homme tenant un sac en plastique blanc contenant un bidon d'essence.

Les portraitistes de la police en ont tiré un portrait-robot que le SPVM publie pour la première fois. Il annonce qu'il possède également l'ADN du suspect.

Sur leur nouvelle page de meurtres non résolus, les enquêteurs des Crimes majeurs rappellent également les circonstances du meurtre de Catherine Daviau commis dans son logement de la 5ème avenue, dans le quartier Rosemont en décembre 2008. La femme de 27 ans a été agressée sexuellement et assassiné, avant que le suspect eût tenté de camoufler le crime en incendie criminel. La police avait déjà annoncé avoir l'ADN du tueur.

«Ce sont des dossiers avec des éléments de preuve physique très forts. On pense pouvoir les résoudre, on n'a juste pas les noms qui vont avec. On a juste besoin de sortir le numéro chanceux qui va nous permettre de faire une correspondance. Il nous manque seulement la dernière pièce du casse-tête», affirme le commandant Rozon.

Les enquêteurs impliqués dans les différents dossiers de meurtres non résolus diffuseront bientôt des vidéos sur le site du SPVM.

Toutes les familles des victimes ont été avisées et ont donné leur accord.

Portrait-robot du présumé incendiaire

• Suspect à la peau blanche

• Environ 30 à 35 ans

• Cheveux courts clairsemés

• Mauvaises peau et dentition

Info-Crime :  514 393-1133 ou division des Crimes majeurs du SPVM :  514 280-2052

Photo SPVM

Portrait-robot du suspect dans l'enquête sur la mort de Jeannine Léveillé et de son frère Richard, en 2012.

PHOTO COURTOISIE GENEVIEVE DAVIAU

Catherine Daviau