Un juge a refusé la libération sous caution d'un homme qui fait face à une accusation liée au terrorisme, le qualifiant de «loup solitaire» et de menace pour la société.

Le juge Jean-Pierre Boyer de la Cour du Québec a déclaré mardi que Jeffrey Labelle est aussi un danger pour lui-même et sa famille et a ordonné au jeune homme de 21 ans de subir une évaluation psychiatrique.

La Cour a entendu des témoignages qui ont fait allusion à un jeune homme troublé et profondément paranoïaque qui a récemment tenté de s'enlever la vie et qui s'était supposément converti à une forme violente de l'Islam.

«Je m'approprie le terme de «loup solitaire» utilisé (par la Couronne) pour décrire l'accusé. Il est une menace pour la société», a dit le juge Boyer.

La procureure de la Couronne Sylvie Lemieux a dit que la mère du jeune homme avait déclaré aux policiers que son fils avait commencé à agir bizarrement lors des trois derniers mois, s'arrachant les cheveux et se jetant sur les murs de leur maison.

Elle aurait aussi confié que son fils avait commencé à transporter des couteaux sur lui et aurait supposément creusé un abri souterrain d'urgence dans un parc de Montréal.

La police a indiqué avoir trouvé de l'équipement de survie, une petite hache et des outils dans l'abri. L'accusé aurait parfois passé des nuits endormi près de l'abri après s'être querellé avec sa mère.

La police de Montréal a fouillé la maison que Jeffrey Labelle partage avec sa mère et sa grand-mère et ils ont trouvé une carte avec les coordonnées de quatre stations de police. Ils ont aussi mis la main sur deux sabres, un couteau Rambo et d'autres couteaux plus petits.

Labelle a été accusé en vertu d'un article du Code criminel qui autorise l'arrestation de quiconque «commet un acte qui, compte tenu du contexte, est susceptible de faire raisonnablement craindre que des activités terroristes sont ou seront menées».

La police de Montréal l'a arrêté vendredi après qu'une enquête commune avec la GRC eut révélé qu'il avait supposément menacé de faire une attaque terroriste. Les policiers avaient été avisés par des travailleurs sociaux qui avaient parlé avec la mère du suspect.

La femme a aussi dit qu'après avoir vu des images vidéo du groupe armé État islamique (ÉI), son fils aurait affirmé: «tu vas me voir à la télévision après que j'ai fait quelque chose de grandiose et tu seras fière de moi».

L'avocate de Jeffrey Labelle, Julie Bernier, a plaidé que son client n'avait menacé personne directement et qu'il aurait dû être remis en liberté et confié à sa grand-mère.

La grand-mère a dit à la Cour qu'elle prenait soin de son petit-fils depuis qu'il avait huit ans.

Mardi dernier, Jeffrey Labelle avait explosé après que sa mère soit sortie de la salle de bain, couverte de sang, s'étant automutilée, a témoigné la grand-mère.

Le juge Boyer a conclut que la vie familiale du jeune homme ne lui fournissait pas de «filet de sécurité» et que tenant compte des récents meurtres de soldats canadiens par des personnes ayant des sympathies pour les djihadistes, l'accusé devait rester incarcéré pour que le public continue à avoir confiance dans le système de justice.

«Nous sommes dans une ère particulière, a dit Me Lemieux en lien avec les récentes fusillades au Canada. Il y a des choses qui se passent dans le monde et nous ne pouvons les ignorer».

Jeffrey Labelle demeurera détenu en attendant le résultat d'une évaluation et doit revenir en cour le 23 janvier.