Peter Sergakis, président de l'Union des tenanciers de bars du Québec, s'est vu remettre pour près de 50 000$ en constats d'infraction pour le transvidage du contenu de bouteilles d'alcool dans son complexe Le Sky, rue Sainte-Catherine.

Dans un récent jugement de la Cour municipale de Montréal, le porte-parole de l'industrie de la nuit et son entreprise Placements Sergakis inc. ont été reconnus coupables des infractions qui leur étaient reprochées. Le montant de leurs amendes a toutefois été diminué: ils s'exposent maintenant à devoir signer un chèque de 18 000$, mais ont porté leur cause en appel, a indiqué Sébastien Sénéchal, l'avocat de M. Sergakis, en entrevue téléphonique.

«Bouteilles trop pleines»



En novembre 2013, des enquêteurs du SPVM ont remarqué que les bars du Sky contenaient des «bouteilles très endommagées mais quand même pleines», des «bouteilles trop pleines», ainsi qu'«un entonnoir et un tamis». Ils ont saisi 103 bouteilles suspectes.

Le transvidage de bouteilles est interdit par la loi afin d'éviter que de l'alcool destiné à la consommation personnelle - «non timbré» et donc beaucoup moins taxé - ne se retrouve servi dans un bar ou un restaurant.

Devant la juge Sophie Beauchemin, de la Cour municipale de Montréal, Peter Sergakis et un gérant de son complexe ont reconnu avoir mis en place un système de transvidage d'alcool. Ils ont toutefois juré qu'ils ne faisaient que réunir «un fond d'alcool» avec une bouteille plus pleine ou encore transvider les bouteilles dont le timbre était endommagé dans une bouteille au timbre intact.

Ne pas gaspiller

«Monsieur Peter Sergakis dit qu'il n'y a pas de mal à ne pas gaspiller l'alcool acheté directement de la SAQ et vendu tel quel aux clients du Sky», a relaté la juge Beauchemin dans sa décision. «C'est toujours la même sorte de boisson alcoolique qui est transvidée dans une autre bouteille», a continué l'homme d'affaires.

Mais rien n'y a fait: qualifiant l'interdiction de transvider le contenu de bouteilles d'alcool de «totale», la Cour municipale a conclu à la culpabilité de M. Sergakis.

«Le tribunal est convaincu hors de tout doute raisonnable que les défendeurs sont coupables d'avoir gardé des boissons alcooliques dans des contenants autres que ceux dans lesquels elles lui ont été livrées ainsi que d'avoir rempli [...] un contenant entamé», a tranché le magistrat. Les règles «sont claires et ne nécessitent pas d'interprétation».

La Couronne n'a pas rappelé La Presse.