Menace de recours collectif, plainte pour financement électoral illégal, demande de démission en bloc: l'opposition lavalloise entend bien profiter de la publication d'un rapport accablant la semaine dernière pour ébranler le maire Gilles Vaillancourt.

Le Mouvement lavallois, dans un point de presse ce matin, a demandé au parti PRO des Lavallois - Équipe Vaillancourt de rembourser les 2,7 millions qui lui auraient été versés illégalement.

Les responsables du parti de l'opposition notent qu'aucune dépense effectuée théoriquement pour de la recherche et du secrétariat n'a été jugée admissible à Laval depuis 2004, selon le rapport du ministère des Affaires municipales, des Régions et de l'Occupation du territoire (MAMROT).

À l'inverse, près des deux tiers des subventions versées durant cette période, soit 1,8 million, ont été jugés non conformes. Le Ministère n'a pu se prononcer sur le tiers restant, à cause «d'éléments probants insuffisants».

«Nous savions que le parti de Gilles Vaillancourt était bien organisé et que lui-même avait des amis riches et puissants, a déclaré Lydia Aboulian, chef du Mouvement lavallois. Ce que nous ne savions pas, ce que nous ne soupçonnions pas, c'est qu'en plus de financer notre propre campagne, nous financions également celle de l'équipe Vaillancourt en tant que contribuables lavallois.»

«Groupe de citoyens» indignés

À l'été 2011, en réponse à une série d'articles publiés dans Le Devoir, le porte-parole du PRO avait assuré que les dépenses jugées inadmissibles seraient remboursées. La semaine dernière, le cabinet du maire Vaillancourt a plutôt annoncé à La Presse être prêt à rembourser les dépenses «illégales».

Le Mouvement lavallois somme aujourd'hui le parti du maire Vaillancourt de redonner les subventions reçues, menaçant de déposer une demande de recours collectif. Un «groupe de citoyens» indignés, a précisé le numéro deux du ML, David De Cotis, a contacté le ML pour lui demander d'enclencher le processus.

Sur un autre front, on entend déposer formellement une plainte au Directeur général des élections du Québec pour financement électoral illégal.

L'autre figure connue de l'opposition lavalloise, le candidat à la mairie Robert Bordeleau, a de son côté demandé le départ en bloc des 21 conseillers lavallois et du maire, tous élus sous la bannière du parti PRO. «Si le maire Vaillancourt et ses conseillers ont encore du respect envers les Lavallois, ils devraient tous démissionner», a déclaré M. Bordeleau par communiqué.

«Absolument rien» d'illégal

Au bureau du maire, on souligne le «flou majeur» entourant les règles d'utilisation de ce fameux fonds de recherche et de secrétariat. Sur les 10,4 millions touchés de 2008 à 2010 par les partis municipaux de huit villes québécoises, seulement 2% étaient conformes à la loi, selon le rapport.

«Notre position est la même que celles des autres villes et de l'Union des municipalités du Québec: il va falloir que ça se clarifie, qu'on en arrive à un cadre clair», dit Dean Dussault, porte-parole de la Ville de Laval.

Les lacunes relevées par le Ministère n'ont «absolument rien d'illégal», estime-t-il.