Les dernières images de Natasha Cournoyer vivante ont été montrées aux jurés chargés de juger son présumé meurtrier, Claude Larouche, vendredi, au palais de justice de Montréal.

C'est une femme à l'air décontracté qui marche dans le corridor du Service correctionnel du Canada, à Place Laval. Il est environ 20h lorsqu'elle quitte son bureau le 1er octobre 2009.

Ces images ont été captées par les nombreuses caméras de surveillance situées à l'intérieur et à l'extérieur de l'immeuble.

La femme de 37 ans est vêtue d'un chandail bleu pâle sous un manteau de cuir brun. Ses cheveux blonds flottent librement sur ses épaules. Elle porte un sac en bandoulière; elle a un parapluie dans une main et un sac de plastique blanc dans l'autre.

Dans l'extrait vidéo suivant, on distingue une silhouette qui porte un sac de plastique blanc traverser le stationnement, puis disparaître dans une zone d'ombre à 20 heures, 9 minutes et 2 secondes. Il fait trop sombre pour que l'on puisse voir la voiture de la victime, garée tout au fond, près d'un sous-bois.

La disparition de Natasha Cournoyer a été signalée le lendemain 2 octobre par son conjoint. Sa Mazda3 n'a pas bougé du stationnement.

Deux jours plus tard, le dimanche 4 octobre, l'agent de sécurité responsable des caméras de surveillance de Place Laval, Rolland Donnis, a passé la journée avec les enquêteurs de la police de Laval, à la recherche d'images pouvant résoudre cette disparition.

À ce stade de l'enquête, le corps de Mme Cournoyer n'avait pas encore été retrouvé.

Les policiers et l'agent de sécurité se sont intéressés à un véhicule de style fourgonnette garé tout près de la voiture de Mme Cournoyer. On le voit se déplacer vers une autre section du grand stationnement vers 20h30 le 1er octobre. Le même quitte Place Laval en direction du boulevard des Laurentides 25 minutes plus tard.

L'agent de sécurité a remis une copie des bandes aux enquêteurs de Laval ce dimanche-là, mais il a tout de même décidé de poursuivre son enquête.

«Par curiosité», a-t-il témoigné vendredi, il voulait savoir à quelle heure la fourgonnette était arrivée dans le stationnement. Il a posé un autocollant sur son écran à l'endroit où la fourgonnette quitte le stationnement. Il a ensuite reculé la bande jusqu'à ce qu'il voie la même voiture se garer à l'endroit exact où il avait mis l'autocollant. L'agent de sécurité s'est alors empressé de rappeler les enquêteurs de Laval pour leur faire part de sa découverte.

La fourgonnette conduite par Claude Larouche, selon la théorie de la Couronne, serait entrée dans le stationnement à 18h35 (et non à 13h35 comme la poursuite l'a dit aux jurés lors de son résumé de la preuve, à l'ouverture du procès, avant de corriger son erreur le lendemain).

Après avoir garé sa voiture au fond du stationnement, «on voit le conducteur partir vers le sous-bois», a décrit M. Donnis lors du visionnement des extraits vidéo.

La défense, représentée par Mes Richard Rougeau et Sonia Mastromatteo, a fait objection, arguant que l'image n'était pas assez claire pour en arriver à de telles conclusions. Et encore moins pour conclure que la voiture qui arrive dans le stationnement à 18h35 est bien celle qui quitte l'endroit à 20h55. Le juge de la Cour supérieure Fraser Martin a alors exhorté le jury à se faire sa propre idée sur la preuve, et non pas à se fier aux impressions du témoin.

Claude Larouche, 49 ans, est accusé du meurtre prémédité de Natasha Cournoyer. Selon la thèse de la poursuite, l'accusé a enlevé et tué la femme de 37 ans pour obtenir «une gratification sexuelle». Le procès, qui doit durer six semaines, se poursuit lundi avec la suite de la preuve de la Couronne.