La mort d'une adolescente de 13 ans a plongé la communauté guinéenne dans le deuil et semé l'émoi dans un quartier de Longueuil, ce week-end. Le père de la jeune fille, âgé de 71 ans, pourrait être accusé de l'avoir battue à mort.

L'affaire a débuté mercredi dernier, lorsqu'un homme a alerté les secours pour dire que sa fille gisait inconsciente sur le plancher de son appartement, le nez en sang. Selon la police de Longueuil, il aurait alors indiqué qu'il l'avait giflée.

À leur arrivée, les policiers ont arrêté le père, Moussa Sidime. L'adolescente, prénommée Nouténé, a été immédiatement transportée à l'hôpital. Elle a succombé à ses blessures samedi à 22h.

«C'était une scène horrible, une image que je ne parviens pas à me sortir de la tête», a raconté Karine Girard, voisine des Sidime. «La petite est sortie sur une civière, elle était complètement couverte de sang. Son père suivait derrière, menotté. Il était souriant. Ça m'a tellement traumatisée que je ne suis plus capable de dormir ni de manger.»

Moussa Sidime a été accusé jeudi de voies de fait graves. Selon toute vraisemblance, un nouveau chef d'accusation - homicide involontaire ou meurtre non prémédité - devrait s'ajouter aujourd'hui. Comme c'était jour férié lundi, la police de Longueuil n'a pu joindre la Couronne afin de confirmer l'accusation. L'homme est toujours détenu.

La famille Sidime, d'origine guinéenne, n'a pas voulu donner sa version des faits, lundi. «La famille est attristée et demande à être respectée. On demande aux journalistes de respecter notre vie privée SVP car on parlera aux journalistes demain après la comparution  devant la cour», disait un mot fixé sur la porte d'entrée de leur immeuble d'habitation.

Condoléances

Toute la journée, lundi, des dizaines de membres de la communauté guinéenne ont défilé dans le modeste logement du chemin de Chambly pour offrir leurs condoléances à la famille.

«Nous sommes tous sous le choc, il n'y avait aucun problème dans cette famille», a indiqué une dame qui a préféré taire son nom, en quittant l'appartement. «Je suis moi-même mère et chef de famille et je sais que tout allait bien dans cette maison, alors de dire qu'il y a eu un acte criminel, c'est difficile à croire.»

Durant la journée, des amies de la jeune fille ont collé des lettres d'adieu sur la porte de l'immeuble. Une affiche portant un message au ton raciste a aussi été placardée sur un arbre devant la résidence. En soirée, une cinquantaine de proches ont exprimé leur sympathie sur une page Facebook créée à la mémoire de Nouténé.

Selon Linda Robert, une voisine qui connaissait la jeune fille depuis près d'une dizaine d'années, Nouténé était polie et joyeuse. «Elle me faisait toujours des câlins lorsqu'elle sortait de l'autobus. C'était vraiment une bonne petite fille, souriante, un vrai petit ange.»

La police de Longueuil a indiqué que le dossier a été remis au coroner. Une autopsie devrait être pratiquée dans les prochains jours.

Copie de photo: François Roy, La Presse

Nouténé Sidime