Reconnu coupable d'une série d'accrocs à la réglementation sur les débits de boissons, l'Institut de tourisme et d'hôtellerie du Québec (ITHQ) a vu ses deux permis d'alcool suspendus pour sept jours.

Pour ne pas trop perturber la session de formation des étudiants, les régisseurs ont accepté, exceptionnellement, que la sanction s'applique à compter du 5 janvier prochain.

 

Inquiétant

«Il y a lieu d'être très préoccupé, car la titulaire a un mandat spécifique de former les futurs restaurateurs, cuisiniers, sommeliers, hôteliers et autres...», ont martelé tour à tour l'avocat et les assesseurs de la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ), à l'adresse de la réputée école hôtelière de la rue Saint-Denis.

«Ça va nuire minimalement, car c'est une période où il y a moins d'élèves», a souligné le porte-parole de l'ITHQ, Paul Caccia, au sujet de la date d'application de la sanction. La direction entend néanmoins modifier son calendrier scolaire de façon à donner des cours théoriques, plutôt que pratiques, durant la semaine de suspension.

Comme c'est le cas durant la période des Fêtes, un seul des deux restaurants du vaste immeuble hôtelier restera ouvert. «Comme on ne peut offrir d'alcool et que l'hôtel reste ouvert, nous servirons seulement le petit-déjeuner au restaurant du rez-de-chaussée», de préciser M. Caccia.

Pour le reste, assure le responsable des communications de l'ITHQ, tout est mis en oeuvre pour corriger les lacunes dénoncées par la RACJ sur la gestion des réserves de vins et de spiritueux en usage dans les salles de cours et les cuisines de l'établissement hôtelier. Les infractions remontent à la fin de 2006. La décision de suspendre les permis remonte au 17 octobre dernier.

Mauvais entreposage et insectes

Il s'agirait notamment de bouteilles mal entreposées ou ne portant pas les timbres requis, ainsi que de boissons alcoolisées contenant des insectes et impropres à la consommation.

Lors des audiences de la RACJ, les personnes en autorité de l'ITHQ ont reconnu les faits, mais se sont défendues en disant «qu'il s'agit d'une école et qu'il y a beaucoup de personnes qu'on ne peut contrôler» lors des nombreux banquets et événements spéciaux tenus à cet endroit. Il y a aussi «un bon nombre de chefs cuisiniers invités qui apportent leurs propres produits d'alcool», a déclaré Sylvie Daigle, responsable de la restauration. C'est seulement après la deuxième visite des policiers, en octobre 2006, que des directives ont été émises pour mieux contrôler les stocks de vins et de boissons alcoolisées. Elle dit avoir notamment conçu une fiche de contrôle intitulée: «Liste des alcools et Check list pour les MOUCHES!!!»

Laxisme

La RACJ était d'autant plus étonnée du laxisme de l'école d'hôtellerie que des manquements de même nature avaient aussi été constatés en 1997 ou 1998. Après vérification de l'inventaire, un sommelier spécialement engagé avait alors recommandé le retrait de la cave à vin et la destruction de quelque 300 bouteilles abîmées ou mal estampillées. Depuis, on a manifestement fait fi aussi d'une suggestion de la police d'acheter toutes les boissons alcoolisées à la SAQ seulement.

Le plus ironique est que l'ITHQ embauche des avocats qui dispensent aux élèves de l'enseignement collégial une formation de 60 heures sur l'ensemble des lois et règlements régissant les permis d'alcool et les débits de boissons.