Les autorités montréalaises accentuent la pression sur les propriétaires de logements insalubres.

Le nombre de logements inspectés sera multiplié par trois, a annoncé jeudi la mairesse Valérie Plante, lors d'une conférence de presse dans le quartier Côte-des-Neiges, où elle dévoilait le « Plan d'action 2018-2021 pour des conditions de logement décentes ».

Avec une équipe d'inspecteurs doublée depuis l'arrivée en poste de la nouvelle administration, Montréal entend visiter plus de 31 000 logements d'ici la fin de 2021, alors que 10 000 inspections ont été menées au cours des quatre dernières années.

Il s'agit d'une « cible ambitieuse », reconnaît la Ville.

Montréal promet également que son nouvel « indicateur montréalais de risque d'insalubrité » sera disponible dès cet été, proposant des données ouvertes sur 460 000 logements, comme les rapports d'inspections effectuées au cours des dernières années.

CONTRAVENTIONS

La Ville augmentera aussi d'un cran la répression des problèmes constatés avec des « constats d'infraction émis sur-le-champ, sur le mode des contraventions de stationnement », a expliqué la mairesse Plante.

« Avant, il fallait monter une preuve hallucinante » avant d'imposer une amende, a-t-elle illustré. Dès maintenant, le fardeau de la preuve est renversé. « Si vous n'êtes pas d'accord [avec ce que dit le constat d'infraction], faites la preuve ! », a lancé la mairesse.

DES « MESURES INTÉRESSANTES »

Plusieurs revendications des organisations de défense des locataires « semblent enfin avoir été entendues », s'est réjoui par voie de communiqué le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), disant accueillir « favorablement » le nouveau plan d'action de la Ville de Montréal.

L'organisation relève plusieurs « mesures intéressantes », notamment l'utilisation d'« outils coercitifs contre les propriétaires délinquants ».

Le RCLALQ « reste néanmoins sur ses gardes », soulignant « l'application soutenue de la réglementation » qui rendra ce plan d'action efficace, et appelle à améliorer le suivi des dossiers.

« ON N'A PAS ÉTÉ CONSULTÉS », DIT LA CORPIQ

La Corporation des propriétaires immobiliers du Québec (CORPIQ) est pour sa part beaucoup moins enthousiaste à l'égard des mesures annoncées par la mairesse Valérie Plante.

« On n'a pas été consultés », a déclaré à La Presse son directeur des affaires publiques, Hans Brouillette, qui estime que le plan s'attaque autant aux « propriétaires de bonne foi » qu'aux « bandits du logement ».

Il qualifie d'« hypocrisie » le désir des villes d'avoir « un parc de logements en bon état [et] abordables » tout en faisant « la sourde oreille devant le fait que les propriétaires n'ont pas les moyens de réinvestir ».

La CORPIQ voit néanmoins une « petite lueur d'espoir » dans la proposition visant à créer un programme d'aide financière pour les propriétaires d'immeubles locatifs, bien qu'elle estime que la Ville de Montréal ne pourra à elle seule régler « le problème du vieillissement du parc immobilier ».