La majorité des Montréalais se montrent favorables à l'immigration, malgré certaines réserves sur la langue et les accommodements, révèle un sondage Léger commandé par la Ville de Montréal. Le coup de sonde, que La Presse a obtenu, démontre par ailleurs que les Montréalais rejettent plusieurs idées préconçues auxquelles les immigrés peuvent se buter sur le marché du travail.

GLOBALEMENT FAVORABLES À L'IMMIGRATION

Disant élaborer une « stratégie anti-rumeurs », le Bureau d'intégration des nouveaux arrivants de la Ville de Montréal (BINAM) a commandé un sondage pour tenter d'évaluer les préjugés à l'égard des immigrants. Les réponses à plusieurs questions permettent de constater que les Montréalais se montrent globalement favorables à l'immigration. Ainsi, 64 % des répondants estiment que les nouveaux arrivants représentent un atout pour Montréal, tandis que 25 % voient dans leur présence un problème. Le coup de sonde indique que 55 % des Montréalais estiment que les immigrants entraînent des retombées positives pour la métropole, alors que 24 % jugent les retombées au contraire plutôt négatives. Enfin, 61 % des répondants croient que les relations avec les communautés culturelles sont « plutôt harmonieuses ».

LANGUE ET ACCOMMODEMENTS

Malgré une perception relativement positive de l'immigration, certaines réserves transpirent. Ainsi, 69 % des répondants jugent que la langue représente un obstacle majeur à l'accès des immigrants au marché du travail. Questionnés sur les accommodements, 52 % des participants croient que les immigrants en demandent trop. Le malaise est également palpable dans certaines autres questions, alors que 42 % des répondants estiment que les immigrants cherchent à imposer leur culture, perception avec laquelle 55 % des participants ne sont pas d'accord. Même clivage sur l'apprentissage du français, 41 % des répondants croyant que les immigrants refusent de se mettre à la langue de Molière, tandis que 53 % jugent erronée une telle perception.

LA BARRIÈRE DE LA LANGUE AVANT LES SIGNES RELIGIEUX

Les Montréalais ne se font pas d'illusions, 69 % d'entre eux estiment qu'il est plus difficile pour les nouveaux arrivants de se trouver un emploi. La majorité des répondants (71 %) jugent que la maîtrise du français représente le principal obstacle pour leur intégration sur le marché du travail, suivie de près (67 %) par le manque de reconnaissance des diplômes obtenus à l'étranger. Objet de maints débats, le port de signes religieux est cité par seulement 31 % des répondants comme un obstacle à l'intégration en emploi des nouveaux arrivants.

PLUSIEURS PRÉJUGÉS REJETÉS

Le BINAM a profité du sondage pour mesurer la perception des Montréalais face à plusieurs préjugés auxquels les nouveaux arrivants peuvent faire face. Ainsi, les résultats permettent de constater que la majorité des répondants ne sont pas d'accord avec plusieurs d'entre eux.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Dans une proportion de 61%, les Montréalais croient que les relations avec les communautés culturelles sont « plutôt harmonieuses ».

PLUS OU MOINS D'IMMIGRANTS ?

Les Montréalais se montrent partagés sur le nombre de nouveaux arrivants que la métropole devrait accueillir. Ainsi, 43 % des répondants estiment que la métropole devrait continuer à en accueillir autant, tandis que 38 % jugent qu'il devrait y en avoir moins et que 12 % seraient prêts à en recevoir davantage. Comme sur plusieurs questions, les francophones se montrent légèrement plus réfractaires sur la question de l'immigration. Ainsi, la proportion de ceux jugeant que Montréal devrait accueillir moins d'immigrants grimpe à 45 % dans ce groupe.

DIVISÉS SUR L'ÉTAT DES RELATIONS

Les Montréalais sont partagés sur l'évolution des relations avec les communautés culturelles. Ainsi, 30 % des répondants estiment qu'elles sont meilleures qu'il y a 10 ans, tandis que 31 % jugent qu'elles sont pareilles et 31 %, qu'elles sont moins bonnes. À noter, les jeunes se montrent légèrement plus positifs (38 % des 18 à 34 ans jugent qu'elles se sont améliorées), tandis que les 55 ans et plus sont plus pessimistes (39 % estiment qu'elles se sont détériorées). Quant à l'avenir, les Montréalais se montrent légèrement plus optimistes. Ainsi, 36 % des répondants croient que les relations avec les communautés culturelles devraient être meilleures dans 10 ans, tandis que 26 % jugent qu'elles n'auront pas changé et 26 %, qu'elles seront moins bonnes.

MONTRÉAL COMPARABLE AUX AUTRES GRANDES VILLES

La moitié des répondants (48 %) estiment que la situation des nouveaux arrivants est comparable à celle dans d'autres grandes villes. Un peu plus du quart (27 %) croient que la situation est meilleure à Montréal et 13 % qu'elle est pire. 

MÉTHODOLOGIE

Le Bureau d'intégration des nouveaux arrivants de la Ville de Montréal (BINAM) a commandé ce sondage à la fin de 2017 afin d'évaluer les préjugés à l'égard des nouveaux arrivants. Le coup de sonde a été réalisé du 23 novembre au 2 décembre sur le web auprès de 1096 résidants ou travailleurs de l'île de Montréal. Grâce à cet exercice, le BINAM entend mettre de l'avant une « stratégie anti-rumeurs » afin de contrer les principaux préjugés envers les immigrants.