Manifestant à nouveau son «inconfort» face à l'adoption prévue aujourd'hui du projet de Loi 62 sur la neutralité religieuse, le maire sortant de Montréal, Denis Coderre, demande à la ministre de la Justice d'expliquer comment la métropole devra appliquer ces nouvelles règles. Les chauffeurs d'autobus devront-ils refuser de transporter une femme voilée? Un bibliothécaire devrait-il refuser de lui prêter un livre?

«Il va falloir nous expliquer comment on va être en mesure d'appliquer cette Loi. On a de sérieux problèmes avec l'applicabilité de la Loi», a dénoncé le maire à l'aube de l'adoption de la législation.

Si Denis Coderre accepte le concept que les employés municipaux offrent les services à visage découvert, il se dit toutefois mal à l'aise face à l'obligation pour les citoyens de recevoir ces mêmes services à visage découvert. «Ça va permettre à des chauffeurs d'autobus ou des libraires de dire qu'on ne peut pas vous donner de service parce qu'une dame aurait le visage couvert», s'est indigné Denis Coderre.

Le maire de Montréal a souligné que les problèmes découlant de la Loi affecteront davantage sa ville, où se concentre la population immigrante, que le reste de la province. «Je ne pense qu'il y ait beaucoup de femmes voilées dans plusieurs municipalités, sauf dans la région métropolitaine», a-t-il dit.

Valérie Plante a aussi dénoncé l'adoption du projet de loi. «Je suis en faveur du principe de neutralité de l'État, mais PL62 va trop loin car il brime les droits des Montréalais», a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux.

Une autre candidate de Projet Montréal, Sue Montgomery, qui brigue la mairie de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce, s'est montrée plus tranchante encore. «La Loi 62 encourage la discrimination contre les femmes musulmanes. En tant que mairesse, je ne dirai jamais à une femme quoi porter.»