Alors que des centaines de chauffeurs de taxi s'apprêtent à manifester à Montréal contre le transport illégal de personnes, Uber soutient que leur objectif véritable est de maintenir leur monopole  « par la peur et l'intimidation ».

Le directeur général d'Uber au Québec, Jean-Nicolas Guillemette, affirme que l'industrie du taxi dispose de 24 lobbyistes, qui tentent par tous les moyens d'empêcher des services comme le sien d'être légalisés.

« Le seul et unique objectif est de régner par la peur et l'intimidation », a-t-il dit lors d'un point de presse tenu à quelques heures d'une grande manifestation des chauffeurs de taxi, prévue à 14 h au technoparc de l'arrondissement St-Laurent.

Il en veut pour preuve la manifestation que voulait tenir le Regroupement des travailleurs autonomes Métallos à l'aéroport Montréal-Trudeau cet après-midi, que M. Guillemette considère comme « de l'intimidation pure et simple ». Une injonction rendue jeudi après-midi interdit aux chauffeurs de bloquer l'accès à l'aéroport.

« On prend la population en otage. La voiture [des chauffeurs de taxi], quand elle est utilisée pour bloquer des routes, c'est une arme puissante. »

M. Guillemette ajoute qu'un chauffeur UberX a été blessé au visage lors de la dernière manifestation des chauffeurs de taxi, en février dernier. « L'intimidation, nos partenaires chauffeurs la vivent tous les jours. Ce n'est pas des conditions agréables », a-t-il ajouté. 

L'industrie du taxi a vivement réagi aux propos de M. Guillemette. « Jean-Nicolas Guillemette et Uber Québec se plaisent à parler "du lobby du taxi." Pourtant, ce n'est pas le taxi qui a embauché, à titre de lobbyistes, deux anciens membres du Parti libéral du Québec, comme l'a fait Uber. La multinationale travaille depuis des mois avec François Crête, ex-chef de cabinet de la ministre Line Beauchamp, et Geneviève Benoit, ancienne coordonnatrice aux communications de la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec », a déclaré le porte-parole parole du Regroupement des intermédiaires de taxi de Québec (RITQ), Abdallah Homsy, par communiqué. « Nous n'avons pas de leçons à prendre d'Uber »

« Quand l'État québécois va-t-il se réveiller? Suffit-il d'avoir des millions au Québec pour s'acheter des lois? Si c'est le cas, on ouvrira bientôt la porte au trafic de drogue et à tous les commerces illégaux. C'est simple, le ministre des Transports doit se faire respecter de cette organisation sans foi ni loi », ajoute le RITQ.

En point de presse, le patron d'Uber au Québec a par ailleurs salué le projet de règlement déposé par la ville de Toronto, qui ouvre la porte au service UberX. « C'est un système qui règlemente de façon différente les taxis et les services comme le nôtre, et qui diminue aussi la réglementation des taxis, ce que nous voyons comme une bonne chose », a-t-il dit.