Après la démission du directeur général de la Société du parc Jean-Drapeau il y a deux semaines, c'est au tour de la présidente du conseil d'administration de quitter son poste.

Même si elle n'est pas visée dans le rapport du Bureau de l'inspecteur général (BIG) qui critique le processus d'attribution des contrats liés au projet de revitalisation de l'île Sainte-Hélène, Christiane Germain a remis sa lettre de démission, hier en fin de journée, au président du comité exécutif de la Ville de Montréal.

« Au vu du contexte des dernières semaines, les conditions qui ont motivé ma décision de me joindre à ce projet ont changé et ne me permettent plus d'y apporter le support que j'envisageais », a-t-elle écrit dans une note envoyée hier aux employés que La Presse a obtenue.

Dans un rapport rendu public le 23 mars, le BIG a relevé des «irrégularités majeures» dans 12 contrats accordés depuis 2013 en lien avec la réfection de l'île Sainte-Hélène. Les faits reprochés à la Société du parc Jean-Drapeau se sont produits avant l'arrivée de Mme Germain à la tête du conseil d'administration, en décembre 2014.

Baptisé Horizon 2017, ce grand projet de legs vise à souligner le 375e anniversaire de Montréal, ainsi que le 50e anniversaire d'Expo 67. Le projet prévoit la revitalisation de la Place des Nations, l'aménagement d'un «amphithéâtre naturel», la création d'une promenade riveraine et la construction d'une promenade centrale «en triangle» entre le métro, L'homme de Calder et la Place des Nations.

« Si j'ai accepté ce poste, en novembre dernier, c'était en vue d'apporter ma contribution et mon expérience à la réalisation du projet « Horizon 2017 », qui est à mes yeux un projet d'une envergure et d'une valeur tout à fait exceptionnelles », poursuit Mme Germain dans sa missive adressée aux employés. « Je laisse à compter de maintenant aux autorités compétentes le soin de prendre les décisions qu'ils trouveront justes. Souhaitons qu'elles soient prises dans le respect des personnes concernées et au nom des intérêts d'un projet que les Montréalais méritent.»

Choix personnel

«Il s'agit de son choix personnel, et on va le respecter, a déclaré en fin de soirée l'attachée de presse du maire Denis Coderre, Catherine Maurice. À ce stade-ci, il est trop tôt pour se prononcer sur la suite des choses.»

Quelques heures après le dépôt du rapport du BIG, le maire de Montréal avait déclaré que le directeur général de la Société du parc Jean-Drapeau, Daniel Blier, n'avait plus sa confiance. Ce dernier a démissionné le 31 mars.

Après son passage devant la Commission sur l'inspecteur général, un comité d'élus chargé d'étudier le rapport et de faire ses recommandations au conseil municipal, M. Blier avait déclaré qu'il était intègre. Mme Germain s'était alors adressée aux médias à ses côtés. Mme Germain est coprésidente du Groupe Germain Hôtels.

Dans son rapport, le rapport du BIG montre du doigt la Société du parc Jean-Drapeau et le Quartier international de Montréal (QIM), qui a rempli le rôle de gestionnaire de ce projet.

Système de pondération «inusité», absence d'estimation des coûts, critères de sélection contraires à la loi, appel d'offres dirigé: une enquête de l'inspecteur général de Montréal révèle que les 12 contrats seraient probablement déclarés nuls s'ils se retrouvaient devant les tribunaux.

Dans son rapport présenté au conseil municipal, Me Denis Gallant recommande à la Société du parc Jean-Drapeau de résilier ses quatre contrats qui sont toujours en vigueur, dont la préparation des plans et devis. Ces quatre contrats totalisent 7,75 millions.

Les huit autres contrats ont déjà été réalisés. Le Bureau de l'inspecteur général estime que les contribuables ont dépensé 2,4 millions dans cette aventure.

Christiane Germain et la Société du parc Jean-Drapeau n'ont pas retourné nos appels.