Les «distorsions» du marché montréalais et l'absence de concurrence ont forcé les contribuables à payer 22,5% trop cher pour des travaux de conduites d'eau et d'égouts entre 2004 et 2009, selon une étude dévoilée lundi par la Ville de Montréal. Lorsqu'on applique ces conclusions à l'ensemble des contrats attribués pendant cette période, cela représente une facture supplémentaire de 154 millions de dollars.

La Ville réfute toutefois ce chiffre de 154 millions et soutient qu'on ne peut pas appliquer les conclusions de l'échantillon de l'étude à l'ensemble des contrats de conduites d'eau et d'égouts.

L'étude de Groupement CGT, réalisée en 2010 pour le compte de la Ville de Montréal, conclut que «Montréal aurait payé 22,5% de trop par rapport» à Québec et à Longueuil en raison des «distorsions du marché montréalais». Le rapport ne parle pas de collusion, mais de «distorsion» et «d'ouverture du marché».

De 2004 à 2009, la Ville de Montréal a dépensé 685 millions pour des travaux de conduites d'eau et d'égouts. Sur cette somme, 154,1 millions (22,5%) auraient été payés en trop, soit une moyenne annuelle de 25,7 millions. La Ville de Montréal n'est pas d'accord avec cette somme et estime que l'échantillon de l'étude de Groupement CGT (quatre projets à Montréal, un à Québec et un à Longueuil) est trop petit pour tirer des conclusions sur l'ensemble des travaux de conduites d'eau et d'égouts.

«Il y a des écarts importants sur les projets examinés [dans le rapport], mais ces écarts ne s'appliquent pas à l'ensemble des contrats. Il faut prendre les contrats au cas par cas. À la suite des allégations [à la commission Charbonneau], on enquête sur ces contrats-là», dit Guy Hébert, directeur général de la Ville de Montréal.

Selon l'étude de Groupement CGT, réalisée en collaboration avec la firme LUQS, il faudrait plutôt analyser de 50 à 100 projets pour mesurer l'impact financier avec davantage de certitude. Cette étude est toutefois la première faite par la Ville de Montréal pour évaluer les coûts de la collusion et de l'absence de concurrence à partir de contrats précis - ce qui explique pourquoi La Presse a fait le calcul à des fins informatives. Dans l'étude, Groupement CGT fait valoir que son mandat n'était pas «d'analyser l'ouverture du marché montréalais», mais de comparer les coûts pour certains travaux de conduites d'eau et d'égouts.

À la commission Charbonneau, l'ex-ingénieur de la Ville Gilles Surprenant a indiqué que la valeur des contrats de conduites d'eau et d'égouts était gonflée de 30% à 35% à Montréal entre 2000 et 2008. Durant cette période, les Montréalais ont payé jusqu'à 52 millions en trop sur les 91 contrats d'une valeur de 175 millions sous la supervision de M. Surprenant.