La Ville de Montréal menace de poursuivre la firme Dessau pour avoir autorisé, sans son consentement, des «extras» au contrat d'une entreprise de construction lors de travaux réalisés en 2009.

Mivela Construction avait remporté en septembre 2008 un appel d'offres pour aménager une piste cyclable dans le chemin de la Côte-Sainte-Catherine, à Outremont. La surveillance du chantier avait été confiée à Dessau.

Le contrat de Mivela s'élevait à 1,1 million de dollars, mais la Ville a reçu une facture totale de 1,3 million. Montréal dit n'avoir découvert les dépassements de coûts qu'une fois les travaux terminés, en novembre 2009.

«Il est inacceptable qu'une firme mandatée par une ville pour surveiller la réalisation de travaux de construction lui transmette une facture de la part de l'entrepreneur pour des travaux qu'elle n'a pas autorisés a priori et donc, sans qu'il soit possible pour la Ville de les approuver avant leur réalisation, dit Patricia Lowe, porte-parole de la Ville. Dessau avait la responsabilité de gérer les crédits alloués pour ce projet et devait informer la Ville au préalable de toute situation qui pouvait provoquer un dépassement de coûts, et cela n'a pas été fait.»

Mivela a intenté une poursuite de 182 000 $ contre la Ville en juillet dernier pour obtenir le paiement de la totalité de la facture. Dans sa réclamation, l'entreprise de construction explique l'écart entre la somme prévue au contrat et la facture définitive par des travaux réalisés «en extra».

Travaux faits sans autorisation

«Les extras, ce n'est jamais automatique», rétorque Michael Appelbaum, président du comité exécutif de la Ville de Montréal. Il reconnaît que des imprévus surviennent fréquemment et peuvent faire augmenter le coût des travaux, mais il assure que, chaque fois, on vérifie au préalable si les travaux supplémentaires sont justifiés.

Or, la Ville accuse l'ingénieur de Dessau, Serge Alarie, de ne pas l'avoir consultée et d'avoir autorisé seul les travaux imprévus. «La Ville n'a pas autorisé ces augmentations de coûts, alors on pense qu'on n'a pas à les payer. C'est à Dessau de payer», tranche Michael Applebaum. La firme de génie affirme que ses avocats viennent d'être saisis du dossier et refuse de le commenter.

Michael Applebaum estime que ces démêlés judiciaires illustrent l'importance de renforcer l'expertise de la Ville en génie afin de surveiller plus étroitement les chantiers. «Il faut qu'on puisse faire affaire directement avec les entrepreneurs plutôt que de recourir à une entreprise pour faire le lien entre les deux.»

L'aménagement d'une piste cyclable de 1,8 km sur le chemin de la Côte-Sainte-Catherine, entre les avenues Vincent-d'Indy et McNider, a nécessité, outre le marquage de la chaussée, la construction de puisards et de conduits, la réfection des trottoirs ainsi que des travaux de terrassement et d'asphaltage.