Le gouvernement Harper a d'autres rapports secrets sur le mauvais état du pont Champlain et doit les rendre publics, estime le chef du Parti libéral du Canada, Bob Rae.

«Jusqu'à maintenant, le gouvernement n'a pas dit toute la vérité, a-t-il déclaré jeudi lors d'un point de presse devant les Studios Mel's, à quelques encablures du pont. Il a refusé de nous donner tous les rapports et l'information nécessaire que le public a le droit d'avoir.»

En compagnie de son lieutenant Denis Coderre, porte-parole en matière de transports, M. Rae a de nouveau accusé le gouvernement Harper d'avoir «franchement gaspillé cinq ans» puisque le premier rapport sur l'état pitoyable du pont remonte à 2006.

Quant à la valse-hésitation du gouvernement fédéral, qui, au début de la semaine, a refusé dans un premier temps de rendre publique une récente étude, M. Coderre a qualifié le ministre des Transports, Denis Lebel, de «nouvelle vedette de la Ligue nationale d'improvisation». «C'est le festival Juste pour rire, il va pouvoir avoir une place, j'ai l'impression.»

Avant d'accepter mercredi de publier l'étude de préfaisabilité, le ministre Lebel avait déclaré que les données qu'il contenait risquaient d'alarmer inutilement la population. Cette justification a suscité les sarcasmes du député de Bourassa: «Peut-être que le gouvernement nous prend pour des caves qui ne comprendront pas les rapports, mais on va en trouver, des experts. Si on est assez forts pour payer des taxes, on est capables de comprendre des rapports.»

Montréal en otage

Il faudra au moins cinq ans pour lancer la construction d'un nouveau pont Champlain, a précisé M. Coderre. Après les études environnementales, les expropriations, les plans et les devis, le gouvernement se retrouvera pratiquement avec un pont Champlain en fin de vie utile en 2016.

«Ça se peut que ce pont puisse tomber. Oui, je suis inquiet. Est-ce qu'on veut que le gouvernement soit poursuivi pour négligence criminelle? Des experts nous disent qu'au niveau de la surface, c'est épouvantable. Allez voir au fond de l'eau ce qui se passe avec les piliers de base, c'est encore pire.»

«Peut-être» une erreur

À Chambord, au Lac-Saint-Jean, où il donnait une conférence de presse sur un autre sujet, le ministre fédéral des Transports et des Infrastructures, Denis Lebel, a reconnu du bout des lèvres qu'il avait peut-être fait une erreur en refusant de rendre les rapports publics, mardi dernier. «Il y a peut-être eu une erreur, parce que je ne voulais pas que les partis d'opposition fassent de la politique avec», a-t-il dit.

Et, à ses yeux, c'est exactement ce qui s'est produit, avec les dénonciations publiques des députés libéraux et néo-démocrates. «L'essentiel, c'est qu'on est déjà depuis longtemps au travail. On va travailler pour regarder les solutions d'avenir. Toutes les options sont sur la table; il n'y a rien de changé», a affirmé le ministre Lebel. Il a rappelé qu'une somme de 158 millions était prévue au dernier budget «pour faire les travaux nécessaires» à l'entretien du pont Champlain.

- Avec la collaboration de La Presse Canadienne