La Société de transport de Montréal (STM) prévoit boucler la prochaine année en déficit de 40 millions, a confirmé sa direction, hier, en présentant son budget 2010. La direction prévient que, sans nouvelles sources de financement, son déficit annuel explosera pour atteindre 363 millions en 2018.

Le maire Gérald Tremblay a eu beau prévoir dans son budget une somme record de 360 millions pour les transports collectifs, la STM se dirige vers une impasse.

 

«On a des actifs qui valent 14,5 milliards, et il faut en remplacer», a résumé le président de la STM, Michel Labrecque. Selon lui, on n'a pas le choix de remplacer les voitures du métro, qui datent de 1963.

La Société a dévoilé un programme d'immobilisation étalé sur trois ans qui prévoit des investissements de 2,1 milliards. Elle investira plus de 600 millions pour remplacer les voitures du métro. L'amélioration du train souterrain lui coûtera 450 millions. Et l'achat de 664 autobus, dont 175 articulés, lui coûtera 400 millions.

Même si Québec absorbe une bonne partie de la note, les acquisitions à venir feront gonfler la dette de la STM. Chaque année, elle devra ainsi consacrer une plus grande part de son budget pour la rembourser, a expliqué M. Labrecque.

Il calcule que si le programme d'investissement va de l'avant comme prévu sans financement additionnel, son déficit passera à 55 millions en 2011, à 110 millions en 2012 et à 363 millions en 2018.

«Si on maintient les investissements, l'apport des usagers, l'apport de la Ville, etc., on s'en va vers ça, a soutenu M. Labrecque. Le problème, c'est qu'il faut qu'on trouve une source de financement dédiée, indexée, récurrente.»

Aux prises avec des difficultés financières en mars dernier, le maire Gérald Tremblay avait annoncé qu'il n'épongerait plus le déficit structurel de la STM. L'organisme cumule en effet des déficits d'exploitation depuis le début de la décennie, des pertes qui avaient toujours été compensées par la Ville.

Le maire a d'ailleurs lancé un appel au gouvernement Charest en présentant son budget, mercredi. Il réclame de nouvelles sources de financement pour les transports collectifs. Il propose que Montréal reçoive une part de la taxe d'accise sur l'essence à cette fin.

Mais pour le moment, Québec n'a aucune réponse à lui donner. Le ministre des Finances, Raymond Bachand, le parrain de la métropole au conseil des ministres, dit cependant avoir entendu les doléances de M. Tremblay.

«On parle d'une mesure fiscale, et on est actuellement en consultations prébudgétaires, a déclaré son attachée de presse, Catherine Poulin. On ne peut pas se prononcer maintenant.»

Avec la collaboration de Tommy Chouinard.