Alors que les amateurs d'art et de culture de Saint-Lambert ont appris que leur cabaret Mouillepied prend l'eau, une entente entre la Ville et des promoteurs pourrait bientôt permettre la rénovation de l'ancien temple maçonnique pour le transformer en une maison des arts et de la culture. La balle est dans le camp de l'administration municipale.

Lors du dernier conseil municipal, le 8 juillet, l'ex-conseiller Marc-André Croteau avait dit qu'avec des associés, il voulait obtenir un bail pour transformer l'ancien temple et ancienne église anglicane en un lieu pour les arts visuels, des conférences et le visionnement de films de répertoire. Il ne voulait pas qu'on déclasse l'édifice, comme le souhaitait l'administration municipale. Sinon, le projet de transformation du bâtiment serait difficilement subventionné par Québec (qui peut donner jusqu'à 400 000$).

 

La directrice générale de la Ville, Michèle V. Lortie, avait fait savoir que la Ville était intéressée par le plan de rénovation. Cette semaine, les promoteurs du projet ont signifié à la Ville qu'ils acceptent son offre faite en avril. Ils créeront un organisme à but non lucratif qui paiera un loyer de 1$ par an et ils amasseront un financement de 500 000$ en deux ans pour rénover l'édifice.

Pour ces amoureux des arts, c'est une étoile qui brille. Depuis des mois, le maire Sean Finn ne tarit pas d'éloges à l'égard du nouveau cabaret Mouillepied. Mais, «moins de deux mois après le premier spectacle», les producteurs Michel Ménard et André Verge doivent «mettre la clé à la porte» (sic), a annoncé mardi la radio FM 103,3.

Par ailleurs, La Presse a appris que le comité consultatif d'urbanisme, réuni récemment, a opté pour le maintien du classement historique de l'ancien temple. Tout jouerait donc en faveur du projet de maison des arts.

Le maire suppléant de Saint-Lambert, Philippe Brunet, dont on dit qu'il pourrait succéder au maire Finn, trouve que la nouvelle est «positive». «Cela peut, peut-être, satisfaire tout le monde, dit-il. S'ils arrivent à faire la collecte de fonds, c'est très positif après 11 ans d'abandon de l'édifice. Dans l'entente, la citation demeure pour deux ans, le temps de la durée de la campagne de financement.»

Mais l'administration souffle le chaud et le froid. L'hebdo Le Courrier du Sud écrivait hier sur l'internet que l'administration a laissé savoir qu'un nouvel acheteur est intéressé à l'édifice. Est-ce un promoteur immobilier qui démolira le bâtiment? Mme Lortie n'a pas rappelé La Presse. M. Brunet conseille d'être prudent. «L'entente n'est pas encore signée, dit-il. De plus, si Mouillepied n'a pas fait une saison complète, il faut se demander si les citoyens s'investissent beaucoup dans le culturel. À Saint-Lambert, on est à 12 minutes de Montréal. Rentrer dans ses frais n'est pas toujours évident. Mais une fois que le projet débutera, la Ville participera, avec le personnel que cela requiert et l'appui technique.»

M. Croteau n'est pas prêt à sabler le champagne. Il regrette que la Ville soit tiède et lente dans ce dossier culturel. «J'ai reçu un accusé de réception de Mme Lortie qui dit que l'offre fera partie d'une réunion de travail future. Pourtant, c'est une offre qu'elle a déposée, elle a même engagé un avocat pour ce faire. On ne sent pas une aide mais plutôt une menace de vendre ce bâtiment patrimonial.» Mercredi prochain, la question sera abordée au conseil municipal.

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