Dire que les troupes libérales entament la deuxième semaine de campagne électorale avec un momentum serait un euphémisme.

Alors que Stephen Harper semble avoir du fil à retordre presque tous les jours, Michael Ignatieff surfe sur une campagne, à quelques détails près, sans fausse note. La machine libérale est bien huilée, les annonces sont bien orchestrées, et le chef semble prêt à tout affronter: des sympathisants conservateurs bourrus qui refusent de lui serrer la main dans un restaurant, aux partisans du NPD qui lui disent qu'ils voteront - encore - pour Olivia Chow dans Trinity-Spadina, en passant par les forums publics aux questions imprévisibles.

Il faut dire que Michael Ignatieff est entré dans sa première campagne électorale gonflé à bloc, ne laissant jamais transparaître une angoisse qu'aurait pu causer le gouffre qui le séparait alors dans les sondages de son adversaire, avec l'expérience de trois campagnes électorales.Depuis qu'il est en politique fédérale, Michael Ignatieff tente de se défaire de l'image d'intellectuel, tout droit sorti d'Harvard où il enseignait l'histoire et dirigeait un centre de recherche sur les droits de la personne.

Tous les politiciens font des séances de prises d'images dans les garderies. Ça paraît bien et la candeur des enfants touche le public. Mais le niveau d'aisance dans ce genre de situation varie selon le candidat.

Dans une garderie de Winnipeg, jouant avec de la gouache, à demander à une petite fille prénommée Mercedes quelle couleur on obtiendrait si on mélangeait jaune et bleu, Ignatieff-l'intellectuel a semblé s'être transformé en Michael-le-bon-professeur. Celui de la petite école dont vous vous souviendrez toujours. Celui qui n'avait pas peur de se mettre les mains dans la gouache.

Il y a eu, bien sûr, quelques écueils: des horaires disponibles seulement très tard le soir pour le lendemain matin, tôt, des annonces faites par Twitter avant que les médias suivant la tournée soient mis au courant, des délais de réponse inquiétants à des questions simples, ou encore, pire, l'absence parfois de réponses. Ç'a été le cas, par exemple, à la question de savoir si l'annonce d'une nouvelle option d'épargne adossée au Régime de pensions du Canada toucherait le Québec, qui a son propre système, la Régie des rentes.

Mais en général, l'ambiance et les relations entre les médias et les libéraux n'ont rien de comparable avec ce qui transpire de la tournée conservatrice. La question est de savoir si cela va durer. Parce qu'une campagne qui va trop bien peut difficilement s'améliorer.