Une entreprise de sécurité privée, GardaWorld, offre ses services afin de protéger la distribution de la marijuana une fois que cette drogue aura été légalisée au pays au plus tard en juillet.

Au fur et à mesure que l'on se rapproche de l'échéancier de la légalisation de la marijuana - une mesure qui, selon le gouvernement Trudeau, vise à réduire la présence du crime organisé dans le trafic de cette drogue -, certains se demandent qui va assurer la sécurité aux abords des sites de production et lors du transport du cannabis vers les centres de distribution.

Les corps policiers, qui s'inquiètent déjà des conséquences de la légalisation du cannabis sur la conduite avec les facultés affaiblies par les drogues, seront-ils appelés à jouer un rôle pour assurer le transport sécurisé des produits de la marijuana des sites de production jusqu'aux centres d'entreposage et de distribution ?

Les autorités fédérales et provinciales devraient-elles plutôt se tourner vers le secteur privé pour assurer une surveillance adéquate de la chaîne d'approvisionnement, alors que le crime organisé voudra protéger sa part du marché du cannabis ?

Selon Christian Paradis, vice-président principal chez GardaWorld, les divers ordres de gouvernement doivent répondre à ces questions importantes s'ils veulent assurer une transition en douceur vers le nouveau régime sans exacerber les craintes de la population. Et il croit que le secteur privé représente la meilleure solution et à un coût moins élevé.

« Un exemple qui me vient à l'esprit, c'est un camion rempli de cannabis qui quitte le site de production et qui doit faire quelques centaines de kilomètres pour se rendre au centre d'entreposage. Ou encore, qui va du centre d'entreposage vers le point de vente au consommateur. Ce camion peut représenter une cible pour le milieu criminel, bien davantage qu'un camion de nourriture, de jouets ou d'alcool. Les policiers ne pourront pas escorter ces camions, alors que nous pouvons offrir un service de transport sécurisé, comme nous le faisons déjà, notamment pour les billets de banque » a affirmé M. Paradis dans une entrevue à La Presse vendredi.

Il a été impossible d'obtenir les commentaires du gouvernement du Québec et du gouvernement fédéral sur cet aspect de la sécurité découlant de la légalisation de la marijuana.

«Un environnement sécurisé»

Sondage à l'appui, M. Paradis a affirmé qu'une majorité de Canadiens tiennent à avoir « un environnement sécurisé » à la suite de la légalisation de la marijuana et ils voient d'un bon oeil l'idée que des entreprises de sécurité privées jouent un rôle à cet égard.

Selon ce sondage, mené par la firme Ipsos Reid pour le compte de GardaWorld auprès de 1007 Canadiens, 70 % des personnes interrogées appuient l'idée que les firmes de sécurité privées assurent la surveillance des zones en périphérie des sites de production de cannabis. Une même proportion (69 %) de Canadiens croit que l'on peut confier le mandat de surveillance des centres d'entreposage et de distribution des produits de cannabis au secteur privé ou encore les sites (69 %) de production de marijuana.

Selon Christian Paradis, qui a notamment été ministre de l'Industrie dans l'ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper, il est illusoire de penser que l'on peut confier ces tâches aux policiers, qui risquent d'ailleurs d'en avoir plein les bras à effectuer les contrôles routiers qui s'imposeront pour épingler les automobilistes conduisant avec les facultés affaiblies par le cannabis. D'autant que les municipalités à travers le pays appréhendent déjà une hausse des coûts des services policiers dans la foulée de la légalisation de la marijuana.

« Je ne crois pas que les municipalités aient les moyens de se payer une brigade du pot au sein de leurs corps policiers. De toute façon, les policiers ont d'autres choses à faire, comme traquer les criminels et mener leurs enquêtes. »

« Qu'il s'agisse de la surveillance des aires publiques où la consommation sera interdite, par exemple, ou encore du transport, de l'entreposage ou des points de vente, nous sommes en mesure d'offrir des services hautement qualifiés, tout en assurant la sécurité du public et des travailleurs », a dit M. Paradis.