Patrick Brazeau pense avoir les capacités nécessaires pour faire son travail de sénateur, même s'il convient que les trois dernières années ont été de véritables montagnes russes pour lui.

«Côté physique, côté mental, je suis prêt, je suis fort», a-t-il assuré à la presse, qu'il avait conviée à son bureau jeudi, au lendemain du retrait des accusations de fraude et d'abus de confiance qui pesaient contre lui.

Signe qu'il n'avait pas remis les pieds dans son bureau de la rue Wellington à Ottawa depuis longtemps, une vieille photo de l'ex-premier ministre Stephen Harper et lui était encore affichée sur un mur.

L'air un peu nerveux, M. Brazeau a confié être émotif devant ce retour au Sénat, presque trois ans après que ses collègues eurent voté en faveur d'une suspension sans salaire.

Le sénateur québécois a admis avoir eu depuis de nombreux ennuis personnels, dont des problèmes de consommation, et avoir tenté de mettre fin à ses jours plus d'une fois. Il convient avoir pris de «mauvaises décisions», mais il affirme suivre désormais une thérapie et être en mesure de reprendre le travail pour lequel il avait été nommé en 2008 par Stephen Harper.

«Une réputation, ça se rebâti», a-t-il soutenu.

Le sénateur de 41 ans se tourne désormais vers l'avenir. De retour à la chambre haute à titre d'indépendant, il veut travailler sur les dossiers touchant les questions autochtones comme il l'a fait auparavant, mais aussi la santé mentale et la prévention du suicide.

Celui qui s'était notamment fait connaître pour son combat dans le ring contre Justin Trudeau, à l'époque où ce dernier était simple député, pense aussi se battre sur un autre front: récupérer les sommes que le Sénat lui a saisies.

«Ça, c'est dans les mains de mon avocat, a-t-il signalé. C'est sûr que nous regardons toutes les options possibles (...) pour récupérer non seulement les fonds que le Sénat a dit que je devais rembourser, mais aussi pour les années de suspension sans solde.»

M. Bazeau et ses collègues Mike Duffy et Pamela Wallin ont été suspendus sans salaire en novembre 2013. Mercredi, la Couronne a conclu qu'il n'existait «plus de perspective raisonnable de condamnation» pour M. Brazeau et a abandonné les accusations de fraude et d'abus de confiance à son endroit. Le sénateur québécois était le dernier impliqué dans le scandale des dépenses au Sénat à être blanchi, après M. Duffy, Mme Wallin et le libéral à la retraite Mac Harb.

M. Brazeau se dit victime d'un «scandale politique» et quelqu'un, selon lui, doit être «imputable».

«J'ai beaucoup de questions, non seulement pour la régie interne du Sénat, mais tous les sénateurs qui ont voté pour me suspendre», a-t-il noté.

Le Sénat reprochait à M. Brazeau d'avoir touché des allocations de logement et de déplacement auxquelles il n'avait pas droit, puisqu'il affirmait que sa résidence principale était située à Maniwaki, alors qu'il louait une maison à Gatineau. Les sénateurs peuvent avoir droit à des allocations de logement et de déplacement s'ils habitent à plus de 100 kilomètres du parlement.

M. Brazeau a pu toucher à nouveau son salaire au moment du déclenchement de la campagne électorale, en août dernier, mais son chèque de paie était saisi pour le remboursement de 55 016 $ en allocations jugées illégitimes, incluant les intérêts.

Les règles du Sénat ont été clarifiées depuis. M. Brazeau juge que même s'ils ont modifié les règles, les sénateurs «n'en ont pas fait assez». «Et je vais commencer à travailler là-dessus dès maintenant», a-t-il lancé.

M. Brazeau devra par ailleurs faire face à la justice dans deux autres dossiers. Il est accusé d'avoir refusé de se soumettre à un alcootest pour un incident survenu le 3 avril. Il est également accusé de garde et contrôle d'un véhicule avec les capacités affaiblies pour un événement remontant à 2014. Il plaide non coupable dans les deux cas.