En cinquième secondaire, à l'école Du Rocher de Grand-Mère, Patrick Flageole a causé toute une surprise à son orienteur en lui annonçant qu'il voulait devenir prêtre. «Il a bafouillé quelques secondes, car il n'avait aucune idée de ce que je devais faire pour y parvenir», raconte-t-il en éclatant de rire. Âgé de 27 ans, il a aujourd'hui abandonné le travail de 9 à 5 et la vie familiale pour entrer en communauté, à Saint-Benoît-du-Lac. Cloîtré depuis maintenant trois ans et demi, le novice deviendra officiellement moine en 2010 et étudie actuellement pour accéder à la prêtrise, ce qui devrait lui prendre encore six ans. À l'heure où les fidèles délaissent les églises et où 70% des 18-30 ans disent ne pas pratiquer de religion, Patrick se lève à 4h45 pour aller chanter les matines et participer à six autres offices pendant la journée. Il s'affaire aussi à ses tâches d'aide-infirmier et parfois de cuisinier. Il a récemment terminé une formation pour travailler à la fromagerie et a suivi ses cours... par webcam. «Les gens qui viennent ici s'imaginent qu'on vit comme au Moyen Âge, mais ce n'est pas du tout vrai. On perpétue de vieilles traditions lors des messes, mais on a quand même accès à l'internet, à la télévision. On est modernes.» Et l'hiver dernier, alors que les choses n'allaient pas vraiment bien pour le Canadien de Montréal, Patrick et les autres moines ont allumé la télé pour regarder le match. «On s'est dit qu'une petite prière pour notre équipe ne lui ferait pas de tort.» Patrick rigole en se remémorant ses années d'adolescence à Grand-Mère. «Au cégep, certains de mes amis me traitaient de fou, de téméraire, et ils croyaient que j'allais changer d'idée, se souvient-il. L'important pour moi, c'était de savoir que c'était ce choix qui me rendrait le plus heureux.»