Peut-on ajouter des lumières à la Ville Lumière ? On dirait bien que oui, et Paris ne s'en prive pas.

Alors que ses monuments sont illuminés, ce qui fait le charme de la capitale française, la ville se met comme tous les ans dans l'esprit des Fêtes, malgré les attentats qui viennent de la frapper.

Les passages, les commerces et les rues piétonnières sont visibles de loin avec leurs décorations, ainsi que les vendeurs de sapins aux coins des rues.

Sur les grandes places, les carrousels, manèges et autres attractions de foire entourent les statues historiques et font la joie des enfants, qui s'empiffrent de barbe à papa. Il y a des crêpes, des gaufres, des croustillons et du vin chaud dont les effluves vous chatouillent les narines, particulièrement dans les marchés de Noël, et plus particulièrement sur les Champs-Élysées, dans une succession de stands où se mêlent une impression de Salon des métiers d'arts, de pièges à touristes et de cantines de rue.

Au loin, la place de la Concorde est éclairée par une superbe grande roue. C'est le moment de sauter dans un bus de touristes qui propose une visite rapide de toutes ces couleurs.

Dans les marchés populaires, où on a toujours l'impression d'être dans une bédé d'Astérix - « Il est frais, mon poisson ! », comme le crierait Ordralfabétix -, c'est l'avalanche des huîtres et des escargots de Bourgogne bien grassement huilés de beurre à l'ail. Dans les boulangeries, les bûches de Noël, qui rivalisent d'invention, viennent d'arriver. Et les bûchettes pour les solitaires ou les impatients.

Noël à Paris, comme tous les jours, se conjugue par la bouffe. On fait la queue chez les meilleurs fromagers du quartier pour gâter la parenté et les cavistes ont tout ce qu'il faut pour offrir la bonne bouteille en cadeau. Dans les librairies, on achète en catastrophe les derniers prix littéraires - c'est un peu à ça qu'ils servent et pourquoi ils sont remis à l'automne.

Enfin, Paris, c'est une ville de shopping. Si vous n'y trouvez rien comme cadeau, c'est que vous avez vraiment fait exprès. C'est un centre de la mode et des parfums. Il y a des idées pour toutes les bourses, et même les bourses vides peuvent profiter d'un spectacle, puisque les vitrines des grands magasins sont des attractions en soi.

Les célèbres Galeries Lafayette (rebaptisées ici Lafaillite, tellement on peut y défoncer un budget) se sont mises au goût du jour et offrent un visuel Star Wars. Printemps Haussmann, qui célèbre ses 150 ans, a choisi un look de fées.

On se déplace pour voir ces grandes vitrines, même quand on n'y entre pas, cela fait partie de la magie de Noël. Trop de choses, en fait, pour notre émerveillement. Aller entendre le Messie de Haendel à la chapelle Royale du château de Versailles ? La messe de minuit à Notre-Dame de Paris, l'occasion de voir aussi de grandes crèches ? Pourquoi ne pas aller dans les quelques musées qui sont ouverts le jour de Noël ?

Enfin, que faire du réveillon à Paris quand on est loin de chez soi ? Les propositions ne manquent pas. On magasine ses places sur un bateau-mouche qui offre un souper gastronomique avec des vues imprenables sur les joyaux architecturaux de la ville. On réserve dans un restaurant comme le Bofinger ou Bouillon Chartier pour une expérience typiquement parisienne directement dans le cliché. Mais assurément, on le sait, la seule façon de sentir Noël à Paris est d'arpenter ses rues et de se laisser guider par la fête. Parce que, vraiment, « Paris est une fête », comme l'écrivait Hemingway, qui connaît un regain de ventes en librairie après les attentats, grâce aux recommandations à la télé d'une dame qui a refusé la colère, et prôné la joie.