En seulement deux ans, la jeune créatrice new-yorkaise Rosie Assoulin s'est fait un nom, mélangeant les influences pour mettre les femmes en valeur, sophistiquées et sensuelles, mais sans renoncer au confort et à l'aisance.

La légende veut que Rosie, 30 ans, ait fait ses premières armes sur la machine à coudre de sa grand-mère, à 13 ans.

«Je l'ai vu travailler à 14 ans. Elle a toujours eu ça en elle», confie à l'AFP Roxanne Assoulin, sa belle-mère.

Quelques années après, Roxanne la surprend un soir alors qu'elle se rend à une fête. «Elle avait fabriqué sa robe seule l'après-midi. Comme elle n'avait pas de fil, elle avait pris ceux de l'hôtel où nous nous trouvions, qui étaient de toutes les couleurs. Elle avait réussi à faire une robe de 18 couleurs différentes.»

Une famille aux origines diverses, notamment syriennes, et une ville unique au monde, New York, ont façonné cette jeune femme aux cheveux de jais et au teint méditerranéen. Elle dit ainsi avoir admiré, enfant, la chanteuse Dalida, pour sa musique, mais aussi sa dimension multiculturelle. À l'image de la «Big Apple», Rosie Assoulin a digéré ces influences pour se façonner une identité propre, autonome.

Exigence et créativité

Après un détour par la joaillerie sous l'aile de sa future belle-mère, créatrice de bijoux, elle sera stagiaire chez Oscar de la Renta, puis à Paris, chez Lanvin, sous les ordres d'Alber Elbaz. Les deux couturiers la marquent par leur exigence et leur créativité.

En 2013, elle se lance seule, pour une première collection, dont l'ambition est saluée. Ses vêtements sont fonctionnels, offrent de l'ampleur, des matières confortables, tout en donnant de l'allure à celles qui les portent, grâce à un travail magistral sur les coupes, les longueurs, le drapé.

Rosie Assoulin veut offrir aux femmes une expression vestimentaire de leur complexité, de leur personnalité. «J'essaye de m'identifier à ça, personnellement. Je ne pourrais pas faire quelque chose qui ne me concerne pas personnellement», explique-t-elle à l'AFP.

Sa mode est à son image, intelligente, féminine, mais sans ostentation.

«Elle me surprend toujours parce qu'elle a une vision», explique Roxanne Assoulin, qui participe aux collections. «Parfois, nous ne voyons pas à quoi cela correspond lors de la conception. Mais elle sait toujours ce qu'elle veut. Elle est très claire dans sa tête. Et quand je vois le résultat, je me mets toujours à pleurer.»

Aucune de ses influences n'est reconnaissable dans ses vêtements, souligne sa belle-mère, car «ce qu'elle prend, elle le change».

En pleine ascension, Rosie Assoulin, récompensée cette année par un prix du CFDA, le Conseil des Créateurs de mode américains, a désormais trouvé sa place dans le grand magasin le plus pointu de New York, Bergdorf Goodman, et à Paris, chez les défricheurs de tendance de la boutique L'Eclaireur.

Tendances, originales, ses créations ne cherchent pas à tout prix à se démarquer. Les vêtements restent sobres et l'utilisation des couleurs se fait avec parcimonie.

La collection présentée vendredi lors de la Fashion Week de New York s'inscrivait dans cette lignée. Beaucoup de robes et de jupes longues, des pantalons amples, quelques combinaisons et salopettes.

Cette saison, Rosie Assoulin s'est amusée avec les tenues de bain, explique-t-elle, intégrant notamment ce qui ressemble au haut d'un bikini cousu sur une robe. La présentation de sa collection a eu lieu dans le fond d'une piscine publique vidée de son eau, en plein coeur de Greenwich Village, collant, dit-elle, avec l'inspiration du moment.

«Tout cela est encore très nouveau, très excitant et terrifiant pour moi», assure celle qui a grandi à Brooklyn.

«J'espère que cela ne s'estompera pas. Je pense que l'attention qu'il y a autour de vous, ça vous pousse et c'est sain.»

PHOTO DIANE BONDAREFFI, AP

Une création de Rosie Assoulin portée par une mannequin.