Du grunge bohème de Gucci à l'attitude Rock'n'Roll de John Richmond en passant par les plumes d'Etro, les défilés masculins pour l'automne-hiver 2012 à Milan ont proposé lundi une réinterprétation des classiques du vestiaire masculin.

Pour Gucci, Frida Giannini a concocté «un vocabulaire de luxe intellectuel pour nouveaux rebelles comme (l'acteur) Helmut Berger». Résultat «Grunge Visconti», résume-t-elle.

Les manteaux sont déstructurés avec des lignes oversize, les cabans sont ceinturés dans le dos avec de gros boutons métalliques. La martingale flotte. Les matières sont riches: velours, textiles british et soie imprimée.

Les vestes, courtes et près du corps, donnent une silhouette dynamique, avec des broderies et des imprimés discrets inspirés de roses et d'iris (noir sur bleu-nuit, bordeaux sur mordoré). Plus rock, le blouson en cuir vintage associé à des bottes de motard.

Côté accessoires, bottes d'équitation lacées et zippées à l'arrière pour le week-end, chaussons en velours ou cuir verni pour le soir.

Les tons sont sobres, mais intenses, les couleurs vives absentes, à l'exception de rares «nuances rouges décadentes et de verts paon». Beaucoup de «mix and match»: une grosse veste en lainage vient recouvrir une délicate veste en soie, qui se porte à même la peau pour une note sensuelle.

Pour les gros durs, le gros manteau de fourrure style rappeur à longs poils noirs (shearling et castor) sort du placard.

Le Britannique John Richmond a lui aussi craqué pour le manteau de rappeur, en version plus courte. Son credo? «Élégance avec attitude Rock'n'Roll», mais dans des coloris naturels: marron, gris, taupe et bordeaux.

Le blouson de motard se convertit au pied de poule. La parka est en laine ultra-douce et la veste de chasse overzippée. On ne sort pas sans son chapeau style Pete Doherty ou sa casquette en laine (grise ou blanche). Le bombers est à carreaux écossais rouges et noirs avec des empiècements de cuir.

Inspiration militaire pour une veste officier qui mélange les matières, grande tendance cette saison: ici, cuir, lézard et pied de poule! Les imprimés sont végétaux ou animaliers.

En week-end, de gros lainages marins ont du mal à rentrer dans la valise. Pour les costumes, les écossais et les rayures se complaisent discrètement.

Retour au rock la nuit venue, avec au choix chemise ou veste en soie noire à motifs squelette et tête de mort: un crâne par ci, un tibia par là, on ne risque pas de passer inaperçu. On complète en bas avec un pantalon de smoking à galon pailleté.

Ambiance plus mystique chez Etro avec un défilé baptisé «Le grand vol: du quotidien au mythe». La marque a choisi de «refondre les éléments traditionnels du vestiaire masculin» avec une collection comme «une tasse de chocolat bue sous les couvertures».

Des plumes aux coloris somptueux en veux-tu en voilà: jabot, cravate, pochette, chaussures, chapeaux... C'est la fête à Zizi Jeanmaire! La queue de pie, parée de son plumage, mérite enfin son nom.

Pour sortir au théâtre, une redingote grise à liseré jaune citron fera l'affaire. Les écharpes en soie ultra-légère flottent au vent pour une silhouette aérienne.

Etro libère la couleur en faisant flasher une veste en velours rouge-orangé sur un pull orange vif avec un pantalon à carreaux jaunes et orange.

Les autres couleurs (bleu, gris, vert émeraude...) sont distillées sur de la laine bouclée, du brocard, du velours, du mohair...

Mardi, pour le dernier jour de la semaine de la mode milanaise, ce sera au tour du roi des couturiers italiens Giorgio Armani et du duo canadien de Dsquared2 de présenter leurs collections.