Fleurs et couleurs pastel chez Prada, rayures fantaisie chez Fendi, dentelles chez Ermanno Scervino, confort chez Max Mara, soieries chez D&G. Au deuxième jour des collections de prêt-à-porter pour l'été prochain, les couturiers ont décrété la fin des «power women».

«Être féminine de manière agressive, c'est un peu dépassé. La femme peut très bien être moderne, tout en exprimant une certaine douceur sans tomber pour autant dans la niaiserie», résume Miuccia Prada, dont la collection symbolise cette inversion de tendance.

Les talons aiguilles métalliques résonnent dans le garage où défile cette nouvelle femme, à la fois très urbaine et subtilement féminine.

Elle endosse de petits manteaux de coton en broderie suisse de Saint-Gall sur des jupes en soie plissée aux couleurs tendres: rose pâle, bleu ciel, jaune poussin. Ses maillots de bains un peu rétro sont resserrés à la taille par une ceinture bijoux et brodés de roses et marguerites en tissu.

Avec son habituelle ironie, la styliste a parsemé la collection de bolides vrombissants, dont les flammes sculptent l'arrière des chaussures comme des éperons, flamboient brusquement sur des jupes en cuir ou remontent le long de robes soyeuses.

Changement de décor chez Fendi. Sortant d'un paravent-éventail géant en forme de rapporteur pour traverser un podium décimètre, la femme esquissée par Karl Lagerfeld joue les professeurs un peu fantasques perdus dans ses calculs et ses formules mathématiques.

En petites robes tablier bien sages ou en blouse noire à col blanc, style institutrice, elle laisse transparaître derrière de grandes lunettes papillon sans monture, d'épais sourcils colorés au crayon gras. Un peu étourdie, elle utilise les napperons qui traînent sur la commode pour couvrir sa poitrine façon plastron.

Obsédée par les unités de mesure, elle mêle allègrement les rayures. Style empire ou régimental, verticales, horizontales, on les retrouve jusque sur les talons ! Sans oublier les chandails marinière. Dans de belles popelines et des cotons frais empruntés aux tissus pour chemises d'homme, les rayures sont déclinées dans de jolis ensembles, vestes et jupettes à panneaux, pantalons, robe manteaux, etc.

Max Mara nous transporte en plein désert avec une collection déclinée dans tous les tons du sable, avec une incursion rafraîchissante ici et là de vert menthe. La directrice Laura Lusuardi a dessiné une garde-robe à la fois sportive et élégante, privilégiant avant tout le confort et un style minimaliste.

Elle combine ainsi les petits blousons en coton technologiques avec de sinueux pantalons évasés, des tricots très ouverts autour des épaules avec des robes droites en jersey, des robes collées au corps comme une deuxième peau avec des pantalons de cycliste.

Toujours dans un esprit très féminin, Ermanno Scervino reprend lui aussi les tons pastel, en particulier un inédit vert sauge. Toute la collection étant axée sur la broderie et la dentelle, avec de riches applications cousues sur robes et manteaux.

Petite note nostalgique enfin chez D&G, la deuxième ligne de Dolce&Gabbana, qui défilait jeudi pour la dernière fois. Comme l'a annoncé la maison, cette ligne jeune sera désormais incorporée à son étiquette principale. Le duo milanais avait beaucoup investi sur D&G ces dernières années, mais la crise l'a contraint à revoir ses ambitions.

En mal d'inspiration, les stylistes ont proposé pour cette dernière édition, un remake de la saison hivernale précédente, en déclinant à nouveau toute la collection autour du thème du foulard.

Demain, ce sera au tour notamment de Moschino, Antonio Marras, Etro et Versace d'envahir les podiums milanais.