On a toujours comparé Martin Brodeur à un gamin qui s'amuse. C'est vrai dans la Ligue nationale, et c'est vrai aussi aux Jeux olympiques. Pas de nervosité, que du plaisir.

«C'est comme aller dans un tournoi», dit Brodeur avec l'enthousiasme de l'adolescent qui partait jadis en tournée avec l'Express de Bourassa.

Brodeur assure qu'il n'y a rien d'ardu à suspendre sa saison, à interrompre le momentum qu'il veut bâtir avec les Devils, pour se concentrer pendant deux semaines sur les Jeux.

«L'ajustement sera d'autant plus facile que l'on n'aura pas besoin de voyager si loin ou de changer de type de patinoire, estime-t-il. Lors des Jeux précédents, ça pouvait être énervant d'arriver dans le feu de l'action et de jouer sur une plus grande patinoire, face à un style de jeu différent. À Vancouver, ce sera comme jouer dans la LNH, sauf que le calibre y sera plus relevé. Ça va ressembler davantage à un début de séries éliminatoires, lorsque tu sais que le niveau de jeu s'apprête à monter d'un cran.»

Et quand tout sera fini?

Quand tout sera fini, Brodeur va simplement continuer le film de sa saison après avoir appuyé sur «pause». «Je ne peux pas me permettre, en revenant au New Jersey, de relaxer et de me dire qu'il y a beaucoup moins de pression ici», mentionne Brodeur.

Des attentes en or

La pression est là chaque jour. Mais elle y est un peu plus lorsqu'on met les mots «hockey» et «Canada» dans la même phrase!

«Chaque fois que tu joues aux Jeux olympiques, il n'est question que de la médaille d'or», rappelle Brodeur.

Il en sait quelque chose. Il est devenu le gardien numéro un du Canada en 2002 après que Curtis Joseph eut mal paru dans un revers de 5-2 contre la Suède, en lever de rideau des Jeux de Salt Lake City. Il avait ensuite aidé l'équipe canadienne à décrocher la médaille l'or au terme d'un tournoi mémorable.

Mais c'est la seule que Brodeur ait méritée en trois aventures olympiques. Il n'avait pas joué à Nagano, en 1998, quand le Canada s'était classé quatrième. Et la débâcle de Turin, qui a vu le Canada terminer septième, mieux vaut l'oublier...

On parle de pression car le besoin de se racheter attend déjà l'équipe canadienne à Vancouver.

«On a eu beaucoup de succès en 2004 lors de la Coupe du monde, lors des matchs présentés au Canada. Personne à l'époque ne nous avait demandé si ça nous dérangeait de jouer devant nos partisans. Tout le monde savait que le lock-out arrivait dans la LNH, il y avait une pression énorme sur nous et l'on avait été capables de performer.»

Une grande et grosse équipe

Les choix de Steve Yzerman pour former Équipe Canada ne pouvaient faire l'unanimité. Mais Brodeur, lui, est content du résultat.

«Ça va être difficile de jouer contre nous à cause de la grosseur de nos joueurs, souligne Brodeur. Avec les Perry, Getzlaf, Nash, Thornton et Heatley, un joueur d'avant de 6'4 et 220 livres est presque un petit gars au sein de notre équipe!

«En plus, on a des joueurs comme Richards, Bergeron et Morrow qui ne sont pas gros mais qui frappent comme des malades.»

Devant le filet, le gardien de 37 ans se plaît à dire que trois générations de

gardiens seront représentées. Roberto Luongo a 30 ans et Marc-André Fleury en a 25. «On a trois gardiens capables de faire le travail, et c'est la raison pour laquelle il est beaucoup question des gardiens du Canada.»

Brodeur hésite à dire que le trio de gardiens à Vancouver sera le meilleur dont il ait fait partie. Même l'idée de comparer les cerbères canadiens à ceux des autres pays l'invite à la prudence.

«Tu regardes les États-Unis, ils ne sont pas si pires que ça! Les Tchèques ont Ondrej Pavelec et Tomas Vokoun, les Russes ont Nabokov et Bryzgalov, les Suédois ont Lundqvist... Tous les pays ont de bons gardiens!»

Ils voudront Luongo

Le fait que les Jeux se déroulent dans l'enceinte des Canucks pourrait-il assurer à Roberto Luongo un départ ou deux?

On sent que s'il n'en tenait qu'à lui, Brodeur ne raterait pas une partie.

«Il n'y a que six ou sept matchs à jouer, donc il faut espérer de la stabilité devant le filet, soutient-il.

«Et puis, je ne sais pas combien de gens de Vancouver pourront assister à nos matchs. Il va y avoir des gens de partout!

«Mais je m'y attends quand même un petit peu. C'est juste normal. Roberto est une personne adorée partout dans l'Ouest canadien. Il mérite autant que les autres d'être là et d'avoir la chance de garder les buts.

«Moi, je vais arriver et être disponible pour mon équipe. Autrement, je serai là pour supporter le gardien qui aura été choisi.»