« Comme directrice du tournoi, je suis fière. Comme ancienne joueuse, je pense que je suis encore plus fière », laisse tomber Valérie Tétreault.

Pour son édition 2023, l’Omnium Banque Nationale souhaitait lancer un message fort quant à la popularité du tennis féminin. Un record d’assistance plus tard, c’est mission accomplie, selon la directrice du tournoi.

Jusqu’à cette année, le record de spectateurs pour le volet féminin était de 184 000. Il datait de 2014. Dimanche en début d’après-midi, ce record était passé à 198 000. Après la finale, il s’élevait à près de 219 000. Des chiffres qui ne mentent pas sur l’intérêt des Québécois pour le tennis, qu’il soit féminin ou masculin.

« Il y a quelque chose de spécial à Montréal, mais évidemment, on veut continuer de promouvoir le tennis féminin pour qu’il puisse continuer à croître en popularité. Ici, les gens ne font pas la distinction. Ça, je le crois et je le vois », affirme la femme de 35 ans.

Sans surprise, la directrice était heureuse et satisfaite lors de sa rencontre avec La Presse, quelques heures avant la finale entre Jessica Pegula et Liudmila Samsonova. Elle était fière.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE

La directrice de l’Omnium Banque Nationale, Valérie Tétreault

Fière en tant que nouvelle directrice.

Fière en tant qu’ancienne joueuse professionnelle.

« Quand on regarde l’écart entre le dernier record et la projection qu’on a pour l’assistance, c’est remarquable. Il y a une petite guerre saine aussi avec Toronto, donc de battre Toronto, qui a une super année du côté masculin mais qui va finir à peu près à 175 000 versus notre 215 000, je le prends bien ! »

« Qu’est-ce qu’Eugène ferait ? »

Ça n’a pas été une semaine simple pour Valérie Tétreault. « Un gros baptême », résume-t-elle. Les prévisions météorologiques ont été son plus grand défi. Souvent, des matchs ont dû être reportés. Plusieurs choses étaient alors à prendre en considération entre la situation des joueuses, celle des amateurs et celle des différents réseaux de télévision.

« C’est là où j’avais l’impression de devoir apprendre à la vitesse grand V.

« Même la superviseure de la WTA me disait hier : “Val, après ça, ça va être du gâteau [a piece of cake].” Je ne suis pas sûre que c’est nécessairement ça, parce que j’ai l’impression qu’à chaque année, il se passe quelque chose qui nous amène à prendre certaines décisions. »

Ça n’a pas toujours été facile, comme samedi soir, quand l’organisation a été forcée de reporter le deuxième match de demi-finale au lendemain, ce qui repoussait du même coup la finale.

À quoi pensait Tétreault quand elle faisait face à un questionnement ? « Qu’est-ce qu’Eugène [Lapierre] ferait ? »

« Ç’a été la plus grande partie de mon processus décisionnel, et je pense que ça va rester avec moi pendant plusieurs années, dit-elle en souriant. […] Il était sur le site [samedi], ça me faisait plaisir qu’il soit là. On l’a invité à une de nos rencontres alors qu’on discutait des différents scénarios, juste pour avoir son pouls et qu’il confirme un peu notre plan. »

Au-delà de tout ça, Tétreault a « pris beaucoup de plaisir » à la tête de l’Omnium Banque Nationale, son premier de sans doute plusieurs comme directrice. « Je trouve qu’on a eu un bon niveau sur le terrain, de beaux matchs, des longs matchs, des matchs serrés. J’ai l’impression que les gens étaient tout sourire. »

Au sujet des nombreuses places vides malgré les billets vendus, Tétreault blâme en grande partie les prévisions météorologiques trop souvent incertaines.

« Les gens, surtout ceux qui viennent d’un peu plus loin, ne sont pas sûrs s’ils veulent venir ou pas. C’est pour ça que le record d’assistance fait mon plus gros bonheur. Ça vient confirmer que les gens étaient au rendez-vous. »

De bons commentaires

Sur les réseaux sociaux, des joueuses ont exprimé leur gratitude envers Montréal après leur élimination. Valérie Tétreault nous mentionne entre autres le message publié par la Biélorusse Aryna Sabalenka sur sa page Instagram. La deuxième joueuse mondiale, éliminée au troisième tour, a remercié les Montréalais pour « tout le soutien », affirmant que l’accueil était « un des plus chaleureux qu’elle n’ait jamais eu sur un court de tennis ».

« Ça m’a fait chaud au cœur, laisse tomber Tétreault en souriant. Ça ne se voit pas vraiment nulle part ailleurs. Surtout [qu’elle l’a fait] après une défaite, et pas une défaite en finale. Je pense que dans ce temps-là, ça veut dire encore plus. »

Au moment de notre entretien, le tournoi n’est pas terminé. Tétreault doit nous quitter ; le premier ministre François Legault doit arriver dans les prochaines minutes. Ensuite, elle devra se préparer pour la finale.

« Je vais la regarder avec Eugène, nous dit-elle. Ça va faire un beau moment. »

Quelques accrocs musicaux

À quelques reprises pendant la semaine, la musique s’est mise à jouer pendant des échanges sur le court. C’est entre autres arrivé samedi après-midi, pendant la demi-finale entre Iga Świątek et Jessica Pegula. Lors du bris d’égalité, Pegula tirait de l’arrière 4-2 quand la chanson Cotton Eye Joe s’est mise à jouer en plein échange. Pegula allait frapper la balle au moment où l’arbitre a demandé que Świątek reprenne son service. Si Pegula l’a pris en riant après sa victoire, les images de la séquence ont été virales sur les réseaux sociaux.

« Aujourd’hui, on est capables de regarder ce moment-là un peu plus avec le sourire parce que Jessica Pegula a fini par remporter le match, dit Tétreault. Je n’aurais vraiment pas souhaité qu’elle échappe le match et que ce soit un peu ça qui soit identifié comme la cause. »

« Mais bon, l’erreur est humaine, continue-t-elle. C’est sûr que tout de suite, on est allés l’adresser avec les gens en régie. On est regardés partout à travers le monde, et ce n’est pas l’image qu’on veut donner à notre tournoi. »

Le parcours des Canadiennes

Trois Canadiennes faisaient partie du tableau principal, cette semaine. Deux d’entre elles, Rebecca Marino et Bianca Andreescu, ont vu leur parcours s’arrêter dès le premier tour. Quant à Leylah Annie Fernandez, elle s’est inclinée au troisième tour contre l’Américaine Danielle Collins.

« Pour Leylah, je pense que c’était un beau parcours qui peut la relancer dans les prochaines semaines, affirme Valérie Tétreault. Pour Bianca, c’est sûr qu’on aurait voulu plus. C’est sûr qu’elle aussi. Peut-être qu’elle-même s’est mis trop de pression en arrivant. [Camila] Giorgi, ce n’était pas une commande facile. »

« Je continue de rêver au moment où on va pouvoir couronner, ici à Montréal, un Canadien ou une Canadienne », ajoute la directrice.