María Sákkari est toujours décrite de deux manières : en forme et constante. Rarement, toutefois, elle est présentée comme une gagnante.

La Grecque est très certainement la joueuse la plus en forme et la plus découpée du circuit. Ce n’est pas pour rien qu’elle a longtemps rêvé à une carrière en athlétisme.

Il est également vrai que sa constance impressionne. Elle fait partie du top 10 mondial depuis le 27 septembre 2021 et elle n’en est jamais sortie depuis.

Cependant, la huitième tête de série de l’Omnium Banque Nationale de Montréal a un seul titre à sa fiche.

C’était à Rabat, au Maroc, en 2019, dans un tournoi de calibre 250, le moins important du circuit WTA. Depuis, elle a disputé cinq finales, dont quatre en 2022, et elle les a toutes perdues en deux manches, sauf une.

Il y a fort à parier qu’elle voudra changer la donne à Montréal.

Un jour peut-être

L’athlète de 28 ans est quand même devenue l’une des vedettes, et aussi l’un des visages, de la WTA.

Femme forte, éloquente, dégourdie et talentueuse, elle fait le charme de tous ses commanditaires. Et celui également des producteurs de Netflix, qui l’ont mise de l’avant dans un épisode de la série Break Point.

Sákkari a tout pour elle, vraiment. Même chose sur un terrain de tennis. Elle dispose de l’un des meilleurs coups droits au monde, idem au service, et elle est l’une des adversaires les plus coriaces et les plus difficiles à faire tomber.

PHOTO KIRSTY WIGGLESWORTH, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

María Sákkari à Wimbledon, début juillet

Mais lorsque tout sera terminé, il ne restera que les titres. Et actuellement, dans le top 10 de la WTA, elle est la seule avec Coco Gauff, de 11 ans sa cadette, à toujours attendre un titre en Masters 1000 ou en tournoi du Grand Chelem.

Pourtant, les occasions ne manquent pas.

En 2021, elle a atteint deux demi-finales de tournois majeurs.

L’année dernière, elle a participé à deux finales de tournois Masters 1000.

Cette saison, elle a joué les demi-finales des tournois de Linz, Indian Wells, Madrid et Berlin. Elle a cependant plié contre Petra Martić, Donna Vekić et deux fois face à Aryna Sabalenka.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

De passage à Montréal en 2021, Sakkari avait été battue par Victoria Azarenka.

Sákkari a été incapable de se défaire de deux joueuses moins bien classées et d’élever son jeu d’un cran devant une joueuse plus talentueuse.

La saison 2023 demeure tout à fait honorable pour Sákkari. Elle a enchaîné les longs séjours dans différents tournois. Elle a cependant battu une seule fois une joueuse mieux classée. C’était Caroline Garcia, à Doha, en février.

Elle a une fiche de 24-29 en carrière contre des joueuses du top 10.

Si Sákkari est demeurée dans le top 10 et est montée jusqu’au troisième rang mondial en mars 2022, c’est grâce à un talent dont il est impossible de douter. Si elle est redescendue aussitôt, en revanche, c’est peut-être parce que le top 5 n’est pas tout à fait à sa portée.

Le temps file

Sákkari sera certainement sur des affiches promotionnelles et sur des billets pendant l’Omnium Banque Nationale.

La voir gagner au bout de la semaine est moins certain, même si ses chances sont appréciables. Elle joue très bien sur le dur extérieur cette saison. C’est sa surface de prédilection et là où toutes ses qualités ont le plus de chances de rejaillir.

Principalement parce que la compétition de ses homologues, plus jeunes, est trop suffocante.

Elle n’est pas la seule à maintenir un bon rendement aux portes de la trentaine. Jessica Pegula, Ons Jabeur et Caroline Garcia le font très bien également. L’âge n’est pas l’excuse, surtout dans son cas.

PHOTO ANDREW COULDRIDGE, ARCHIVES REUTERS

María Sákkari

Pourtant, les jeunes joueuses au début de la vingtaine ne sont d’aucune pitié. Et elle devrait les craindre. Iga Świątek, Aryna Sabalenka, Elena Rybakina et Markéta Vondroušová sont affamées et elles ne ralentiront pas la cadence.

La fenêtre se fait de plus en plus étroite pour Sákkari si elle souhaite entrer un jour dans la légende. Montréal serait l’occasion parfaite pour mettre fin aux doutes. Ou, qui sait, les Internationaux des États-Unis. La fin de saison sera déterminante. Sinon, au terme de la saison 2023, le vent pourrait tourner en sa défaveur.

Trois surprises potentielles

La compétition est extrêmement relevée cette saison sur le circuit féminin. Toutefois, quel que soit le tournoi, il n’est pas impossible de voir une joueuse sortir de l’ombre pour ravir le titre. Voici trois joueuses ayant le potentiel de créer une surprise à Montréal.

Madison Keys

PHOTO GEOFF BURKE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

L’Américaine Madison Keys

Finaliste à Montréal en 2016, Madison Keys est revenue au plus fort de la course cette saison. La joueuse de 28 ans a remporté 25 de ses 34 matchs cette saison et pointe maintenant au 28e rang mondial. Après un creux de vague pendant l’incertitude pandémique, l’Américaine a retrouvé la touche, sa combativité et sa rapidité sur le terrain. Gagnante surprise à Eastbourne sur gazon en juin, elle revient peu à peu, sans faire trop de bruit, sur le radar et, surtout, parmi les prétendantes lors de tournois importants.

Karolína Muchová

PHOTO THIBAULT CAMUS, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

La Tchèque Karolína Muchová

Rarement mise de l’avant sur les affiches de tournoi ou dans les publicités de la WTA, Karolína Muchová est malgré tout devenue finaliste de tournoi du Grand Chelem, à Roland-Garros, il y a quelques semaines. La joueuse de 26 ans est plus douée et plus naturellement à l’aise sur terre battue, mais son rendement sur dur n’est pas vilain, loin de là. Avec plus de 60 % de taux de réussite sur ciment, sa capacité à gagner dans les moments importants au cours des derniers mois pourrait faire d’elle une candidate au titre. Après tout, elle a atteint les quarts de finale à Dubaï et à Indian Wells en début de campagne.

Elina Svitolina

PHOTO GEOFF BURKE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

L’Ukrainienne Elina Svitolina

Qui n’a pas été charmé par le retour de cette mère de famille qui, quelques mois seulement après avoir donné naissance, a atteint la demi-finale à Wimbledon ? L’ancienne numéro trois mondiale vient d’ailleurs de battre Victoria Azarenka à Washington. Elle est sur une erre d’aller. Elle s’est montrée combative, juste et endurante depuis son retour dans l’arène. Elle s’est même permis un titre à Strasbourg, sur terre battue, en mai. Elle a perdu seulement six fois cette saison. L’athlète de 28 ans excelle sur toutes les surfaces et si elle veut aller chercher son premier majeur à New York, elle devra faire bonne figure à Montréal.