(Londres) « Parfois je me dis que j’aurais préféré ne pas avoir remporté les Internationaux des États-Unis. » Vingt-et-un mois après son incroyable sacre dans la levée américaine du Grand Chelem, la Britannique Emma Raducanu lutte toujours pour retrouver le niveau de son été 2021.

Elle n’avait que dix-huit ans lorsqu’elle s’était imposée à Flushing Meadows au terme d’un parcours improbable, sortie de trois tours de qualification pour intégrer le tableau principal, balayant toutes ses adversaires en ne concédant pas une seule manche en dix matchs.

Raducanu n’avait alors jamais remporté le moindre tournoi sur le circuit principal. Son palmarès est resté depuis bloqué à ce seul titre, prestigieux, mais plaçant sur elle des attentes démesurées que son corps et son mental ont payées.

Retombée au 128e rang mondial, avec un huitième de finale perdu en mars à Indian Wells comme meilleur résultat cette saison, elle a accumulé les blessures, changé plusieurs fois d’entraîneur. Opérée récemment d’une cheville et d’un poignet, elle n’a pas pu s’aligner à Roland-Garros et ne sera pas en mesure de disputer le tournoi de Wimbledon, le mois prochain (3 au 16 juillet).

« Depuis, j’ai subi beaucoup de revers, les uns après les autres. Je suis résiliente, je tolère beaucoup de choses, mais ce n’est pas facile », dit-elle dans une interview accordée au quotidien The Times.

« Et parfois je me dis que j’aurais préféré ne pas avoir remporté les Internationaux des États-Unis », ajoute-t-elle. « Ensuite, je me dis “Rappelle-toi cette sensation (celle de son sacre en finale des Internationaux des États-Unis le 10 septembre 2021, NDLR), cette promesse”. »

Avec sa victoire inédite – jamais encore dans l’ère Open une joueuse sortie des qualifications n’avait remporté un tournoi du Grand Chelem –, Emma Raducanu est devenue une des sportives les plus recherchées par les commanditaires.

La Britannique née au Canada d’un père roumain et d’une mère chinoise est sous contrat avec Nike, Porsche, Vodafone ou encore Dior.

Mais elle dit qu’il lui a fallu grandir très vite sur le circuit pour ne pas servir seulement de « tirelire ».

PHOTO RAED KRISHAN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Emma Raducanu

Le circuit est absolument brutal. Ce que j’ai compris au cours des deux dernières années, c’est que le circuit et tout ce qui l’accompagne, ce n’est pas un environnement très sympathique, et sûr.

Emma Raducanu

« Il faut être sur ses gardes parce qu’il y a beaucoup de requins. Je pense que des gens dans le secteur, surtout parce que j’avais 19 ans, aujourd’hui 20, me voient comme une tirelire. Ça a été difficile de naviguer dans ces eaux. Je me suis brûlée plusieurs fois, j’ai appris, appris à conserver autour de moi un cercle plus restreint possible. »