Ça aura tout pris à Carlos Alcaraz pour défendre son titre à Madrid, dimanche, contre le qualifié Jan-Lennard Struff. Devant les siens, l’Espagnol a toutefois trouvé le moyen de briller et de confirmer sa suprématie sur terre battue juste avant Roland-Garros, en l’emportant en trois manches de 6-4, 3-6 et 6-3.

Sur papier, cette finale était inégale. D’un côté, le meilleur joueur au monde sur terre battue, fort de 18 victoires en 19 matchs sur cette surface cette saison et vainqueur il y a deux semaines à Barcelone. De l’autre, la 65e raquette mondiale, un routier de 33 ans n’ayant aucune victoire à son palmarès et repêché des qualifications.

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Carlos Alcaraz et son trophée

Or, Struff a donné du fil à retordre au jeune prodige de Palmar. Bien conscient de l’écart de talent entre son adversaire et lui, l’Allemand n’avait qu’une seule idée en tête : être l’agresseur. Et il a employé cette stratégie abondamment pendant les 144 minutes de cette finale.

Le joueur de 6 pi 4 po est monté au filet 52 fois au cours de la rencontre. Que ce soit en enchaînement service-volée ou pour finir l’échange après avoir poussé Alcaraz jusque dans ses derniers retranchements en fond de terrain.

L’Espagnol a dû s’ajuster rapidement en début de match, car Struff le martelait sans pitié. Soudainement, l’écart entre les deux fondait comme un cornet à la vanille en pleine canicule.

Même les lobes et les passings ne menaient à rien.

Même qu’au premier set, le favori était fragile au service. Il s’était donné un léger coussin en brisant Struff dès le premier jeu du match. Toutefois, son premier jeu au service a duré près de neuf minutes, il s’est fait briser lors de son jeu suivant, et le troisième a nécessité l’égalité. Les retours de service de son rival, bien planté sur la ligne de fond, étaient fumants.

Alcaraz aura toutefois eu son adversaire à l’usure. Il a sauvé trois balles de bris pour filer avec le premier set. Même si le deuxième lui a échappé, l’Espagnol est resté combattif. Sa mobilité et son toucher de balle, comme d’habitude, auront embêté son opposant. Le nouveau roi de la terre battue a peut-être eu plus de difficulté à défendre son deuxième titre en trois semaines, mais il y est parvenu notamment grâce au soutien de la foule. Les drapeaux espagnols maquillaient les gradins. Au quatrième jeu de la troisième manche, le héros local a demandé l’appui de la foule. Ce bris, pour faire 3-1, aura fait la différence.

Acclamé et soulagé, il a terminé le tournoi couché sur le dos, comme un ange dans le sable, avec le sentiment du devoir accompli.

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Carlos Alcaraz

Struff : la surprise

Blessé à un pied l’année dernière, Struff avait entamé la saison au-delà du 150e rang mondial.

Il était donc obligé de passer par les qualifications pour espérer faire partie des tableaux principaux. Son parcours en route vers celui de Madrid s’était arrêté brusquement face à Aslan Karatsev en qualifications, mais il a fini par être repêché, en tant que « lucky loser ».

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Jan-Lennard Struff

Brillamment, en battant Stéfanos Tsitsipás en quart de finale et en prenant sa revanche contre Karatsev en demi-finale, il a pu disputer sa deuxième finale en carrière.

Ce match contre Alcaraz était son neuvième du tournoi. Malgré la défaite, il n’a rien à se reprocher. Grâce ses performances sur le sol espagnol, il pointera au 28e rang mondial, ce lundi.

Sa stratégie a été payante dans les deux premiers tiers du match. Il a ébranlé Alcaraz, suffisamment pour le faire douter, le frustrer et même enlever une manche. Rarement le numéro deux mondial est attaqué de la sorte.

Pour l’emporter, il aurait fallu être plus efficace au service. Alcaraz est le meilleur retourneur du circuit certes, mais Struff n’a mis aucune chance de son côté. En première manche, il a réussi seulement 40 % de ses premiers services, offrant ainsi une tonne de deuxièmes balles à son adversaire. Il est grimpé à 51 % en fin de match, mais c’est trop peu contre un opposant de ce calibre.

La suite

Alcaraz a défendu son titre à Barcelone. Il vient de faire la même chose à Madrid. Avec Rafael Nadal n’ayant pas joué un seul match sur terre battue cette saison, pour la première fois de sa carrière, celui qui a célébré ses 20 ans vendredi est de loin le favori pour enlever les grands honneurs à Roland-Garros. Il est seul au monde sur terre battue.

Il sera intéressant de voir ce qui arrivera à Rome, la semaine prochaine. Novak Djokovic, champion en titre, aura énormément de points à défendre. D’autant plus qu’Alcaraz lui souffle dans le cou à seulement cinq petits points de lui et du premier rang mondial.