(New York) Au bout d’une exceptionnelle carrière de 27 ans, jalonnée de 23 titres du Grand Chelem, Serena Williams, devenue l’une des plus grandes joueuses de l’histoire du tennis, s’apprête à tirer sa révérence aux Internationaux des États-Unis, théâtre de ses premiers exploits.

Pour la première fois dans l’histoire du Majeur new-yorkais, le paroxysme de cette 138e édition ne constituera vraisemblablement pas les finales, mais un match du premier tour. Car il pourrait bien être le dernier disputé par l’immense championne, devenue icône bien au-delà des courts, lundi face à la Monténégrine Danka Kovinic (80e).

L’Américaine de 40 ans avait annoncé début août que le « compte à rebours » de sa retraite avait commencé, certes sans préciser ni quand ni où elle tirerait sa révérence.

Sans attendre, le public new-yorkais s’est arraché les places pour les Internationaux des États-Unis, les trois premières soirées affichant complet. Des billets qui se revendent au prix fort, leur valeur ayant augmenté de 34 % sur les sites dédiés.

« Il arrive un moment dans la vie où nous devons décider de prendre une autre direction. Ce moment est toujours difficile lorsque vous aimez tellement quelque chose », avait-elle confié au magazine Vogue en août, promettant de « savourer ces quelques semaines à venir ».

Y est-elle parvenue, en tapant ses quelques dernières balles ? Pas sûr.

« Le fantasme des fans »

Six semaines après sa rentrée manquée à Wimbledon, où la Française Harmony Tan a gâché d’entrée son retour après presque un an d’absence, Williams a été sortie au 2e tour à Toronto, par la Suissesse Belinda Bencic. Idem dès son entrée en lice à Cincinnati, balayée par la Britannique Emma Raducanu, tenante du titre aux Internationaux des États-Unis.

Si elle n’a pu retenir quelques larmes d’émotion pour dire adieu au Canada, Serena a quitté l’Ohio sans un mot. Car même si la dure réalité s’impose, elle ne se fera jamais à l’idée de perdre.

PHOTO COLE BURSTON, ARCHIVES REUTERS

Serena Williams salue la foule à la suite de sa défaite à Toronto, le 10 août.

Serena sait qu’elle a peu de chances de remporter un 24e Majeur, qui égalerait enfin ce record de Margaret Court après lequel elle court depuis 2017 et sa victoire aux Internationaux d’Australie, alors enceinte de sa fille Olympia.

« C’est le fantasme des fans. Je comprends cela », a-t-elle convenu. Mais finir là où tout a commencé en 1999, quand elle s’offrit à 17 ans son premier Grand Chelem, et si possible dignement, voilà son ultime défi.

À ce titre, l’émotion promet donc d’être à son comble lundi à Flushing Meadows, où elle fut si souvent « Serenissime », en témoignent ses six sacres, auxquels s’ajoutent sept aux Internationaux d’Australie, sept à Wimbledon et trois à Roland-Garros.

La N.1 mondiale Iga Swiatek, favorite sur le papier, sera elle sous une autre forme de pression.

La Polonaise, injouable au printemps (37 victoires et six titres d’affilée, dont Roland-Garros) a perdu de sa superbe cet été, se plaignant notamment des balles à Toronto et Cincinnati, qui seront utilisées aux Internationaux des États-Unis.

En double avec Venus

Les sœurs Venus et Serena Williams ont obtenu une invitation pour jouer ensemble le double féminin, ont annoncé samedi les organisateurs.

Venus, 42 ans, et Serena ont remporté deux fois les Internationaux des États-Unis en double (1999 et 2009), mais ne l’avaient plus disputé ensemble depuis 2014.

PHOTO DARRON CUMMINGS, ASSOCIATED PRESS

Serena et Venus Williams, en 2009

Au total, le duo a remporté 14 titres majeurs en double depuis sa première participation en Grand Chelem, déjà aux Internationaux des États-Unis, en 1997.

Finale Nadal-Medvedev ?

Côté masculin, en l’absence de Novak Djokovic, empêché d’entrer aux États-Unis car non vacciné, d’Alexander Zverev, qui soigne une cheville, et de Roger Federer, dont le retour est prévu en septembre, un duel en finale entre Rafael Nadal et Daniil Medvedev se profile.  

L’Espagnol, vainqueur aux Internationaux d’Australie et Roland-Garros, peut faire passer son record de Grands Chelems à 23, pour creuser l’écart avec « Djoko » (21 depuis son triomphe à Wimbledon). Mais un programme corsé l’attend avec possiblement le Russe Aslan Karatsev, l’Argentin Diego Schwartzman, le Britannique Cameron Norrie et son compatriote, le phénomène Carlos Alcaraz en demi-finales.

Le Russe tentera lui de conserver son titre et sa place de N.1 mondial. Et sur sa route, les rivaux ne manqueront pas non plus, avec un 8e possible face au volcanique Australien Nick Kyrgios, avant une éventuelle demie contre le Grec Stefanos Tsitsipas, qui vient de le battre à « Cincy ».

Les enjeux sportifs sont toujours forts aux Internationaux des États-Unis. Mais, comme le chante Bruce Springsteen, rien ne semble devoir être plus palpitant qu’une New York City Serenade. Même si « Queen Williams » l’a assuré : « je ne cherche pas de cérémonie, ni de moment final sur le court. Je suis nulle pour les adieux, la pire du monde ».