La finale masculine du tournoi de Wimbledon était à la fois imprévisible et attendue. Novak Djokovic a néanmoins trouvé le moyen de marquer l’histoire, une fois de plus, en prenant la mesure de Nick Kyrgios en quatre manches de 4-6, 6-3, 6-4 et 7-6. Il met ainsi la main sur son septième titre au All England Club.

D’un côté, un Serbe qui a fait face à la justice en janvier parce qu’il ne voulait pas se conformer aux mesures sanitaires. De l’autre, un Australien qui fera face à la justice le mois prochain parce qu’il est poursuivi par son ex-conjointe pour violence conjugale.

Dans ce duel mettant aux prises deux mauvais garçons extrêmement talentueux, la table était mise, et même si les deux ont perdu des plumes dans l’opinion populaire, les estrades étaient pleines, et l’intérêt pour ce match était grandiose. Pour les bonnes et les mauvaises raisons.

Novak Djokovic arrivait avec l’étiquette de grand favori, même si Kyrgios avait gagné les deux duels précédemment disputés entre les deux. Cependant, Djokovic n’avait pas gagné de titres importants depuis la dernière édition de Wimbledon et il voulait réduire l’écart entre lui et Rafael Nadal, qui détenait deux titres en Grand Chelem de plus que lui avant le tournoi, au sommet de l’histoire chez les messieurs.

Djokovic s’est présenté sur le court central avec le couteau entre les dents, et ça aura été payant. Même Kyrgios a semblé un peu impuissant devant la prestance de ce grand champion, triplement motivé. « Il est un dieu, je ne mentirai pas », a-t-il souligné après le match.

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Novak Djokovic a défait Nick Kyrgios en quatre manches.

Surprenant Kyrgios

Il s’agissait de la première finale en Grand Chelem de Kyrgios. Il n’avait jamais fait mieux que les quarts de finale. Depuis le début de la quinzaine, l’athlète de 27 ans avait fait parler de lui pour les mauvaises raisons. Ça, ce n’était pas la première fois. Parmi ses différentes frasques, il a notamment craché sur un spectateur, engueulé copieusement un officiel et insulté Stéfanos Tsitsipás, en réponse au Grec.

Même s’il n’est pas habitué aux plus grandes scènes, Kyrgios avait l’air serein, tranquille à la rigueur, lors de la première manche qu’il a remportée assez aisément. Il a joué de manière très simple et a laissé Djokovic se tirer dans le pied. Le service du Serbe n’était pas à point et sa prise de décision, notamment au filet, était défaillante.

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Nick Kyrgios

Les ennuis de Djoko étaient en voie de se répéter. Depuis les Jeux olympiques de Tokyo, l’athlète de 35 ans était incapable d’ajouter un titre important à sa collection. Néanmoins, les choses sont toujours différentes à Wimbledon : « J’ai perdu les mots pour dire ce que ce trophée et ce tournoi représentent. Ç’a toujours été et ça restera le tournoi le plus important pour moi. Celui qui m’a donné le goût de jouer au tennis. Lorsque j’ai vu Pete Sampras gagner ici, j’ai demandé à mes parents de m’acheter une raquette », a expliqué le Serbe, le trophée entre les mains.

L’expérience triomphe

À partir de la deuxième manche, la machine serbe s’est mise en marche et n’a jamais ralenti. Cette manche a été le théâtre de longs échanges, à l’avantage de Djokovic, possiblement le meilleur joueur de l’histoire en fond de terrain.

Le match s’est joué lors du dernier jeu du deuxième set lorsqu’il a surmonté un déficit de 0-40 et effacé quatre balles de bris.

Pour le restant du match, Djokovic a été l’ombre de lui-même, tout comme Kyrgios. Le 40e joueur mondial n’a pas cessé de rejeter le blâme de ses erreurs sur les membres de son entourage, dans leur loge dans le coin du terrain. Plus il perdait patience, plus Djokovic se rapprochait de son 21e titre en Grand Chelem.

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Novak Djokovic a simulé un vol plané pour célébrer sa victoire.

Kyrgios a d’ailleurs critiqué son clan de ne pas l’avoir suffisamment encouragé lorsqu’il menait 40-0 lors de l’avant-dernier jeu de la troisième manche, alors qu’il était au service. Jeu qu’il a fini par perdre, tout comme la manche.

Même s’il a été fidèle à lui-même, la fatigue pourrait aussi expliquer bien des choses. « Je suis tellement fatigué. Je ne pensais pas jouer autant de tennis. Je vais sûrement prendre des vacances et j’espère que je vais revenir un jour en finale », a précisé le 40e joueur mondial.

« Nick, tu seras de retour, pas juste à Wimbledon, mais en finale de Grand Chelem », a renchéri le gagnant.

Le match s’est conclu au bris d’égalité à l’avantage de Djokovic, qui s’empare d’un septième titre à Wimbledon, mais surtout un quatrième consécutif. Il pourrait donc rejoindre Nadal au sommet s’il joue le même genre de tennis dans quelques semaines aux Internationaux des États-Unis. Encore faudra-t-il qu’il puisse y participer, en dépit de son statut vaccinal, une autre saga à suivre dans les prochaines semaines.