Soufflé par son 14titre à Roland-Garros et son 22triomphe en Grand Chelem, Rafael Nadal n’est pas passé par quatre chemins pour évoquer qu’il allait réfléchir très sérieusement à son avenir. À l’heure actuelle, s’il écoutait son corps, il arrêterait de jouer.

C’est ce qu’il a déclaré dans ses entrevues d’après-match, dimanche, après avoir sèchement disposé du Norvégien Casper Ruud en trois manches lors de la finale des Internationaux de France.

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Rafael Nadal et la Coupe des Mousquetaires

Nadal souffre d’une pathologie au pied gauche depuis 18 ans. Il s’agit du syndrome de Müller-Weiss, qui fait qu’un os de son pied gauche n’est plus irrigué normalement et meurt progressivement en provoquant des douleurs chroniques.

C’est cette blessure qui lui avait fait rater les quatre derniers mois de la dernière saison et qui avait mis fin à son aventure au tournoi de Rome, il y a quelques semaines, contre Denis Shapovalov.

Il a confié qu’au cours de la quinzaine qui vient de se terminer à la porte d’Auteuil, il a reçu une injection avant chaque match pour endormir ses nerfs douloureux.

C’est pour ça que j’ai pu jouer : j’ai joué sans douleur, mais aussi sans aucune sensation ni sensibilité, comme des dents endormies par le dentiste.

Rafael Nadal

L’Espagnol a cependant ajouté que cette méthode de traitement n’était pas un remède à moyen et long terme : « C’est un risque que je voulais prendre pour jouer ici, pas un risque que je veux prendre dans le futur. Jouer avec des antidouleurs, oui, avec des anesthésiques, non. Ça peut arriver une fois, mais je ne veux pas en faire une philosophie de vie. »

Un avenir incertain

La carrière de l’athlète de 36 ans est bien remplie et sa légende sera à jamais éternelle. Sauf qu’en tant que compétiteur acharné, il aurait envie de retourner dans l’arène le plus rapidement possible. Cependant, c’est son corps qui aura le dernier mot.

« Dans les circonstances actuelles, je ne peux pas et je ne veux pas continuer de jouer », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que « c’est évident que je ne peux continuer à jouer avec un pied engourdi ».

Le tournoi de Wimbledon, disputé sur gazon, commencera dans une vingtaine de jours et il serait surprenant de voir Nadal se battre pour son troisième titre majeur de la saison.

« Je serai à Wimbledon si mon corps est prêt à être à Wimbledon », a-t-il ajouté en précisant qu’il « voulait » y être.

Ruud s’en souviendra longtemps

À quel point est-ce difficile d’affronter Rafael Nadal en finale de ce tournoi ?

La réponse de Casper Ruud ne laisse aucun doute : « Comme je l’ai dit dans mon discours, je suis une victime de plus qu’il a détruite sur ce court en finale. C’est le joueur de terre battue ultime. Il a le jeu parfait pour la terre. Pour d’autres surfaces aussi, évidemment, mais ici, c’est incroyable. La lourdeur et l’effet qu’il donne à la balle sont sans équivalent sur le circuit.

« Ce match sera quelque chose dont je me souviendrai probablement pour le reste de ma carrière. Il y a certains moments qu’on garde en mémoire plus que d’autres, celui-ci sera en haut de ma liste, le plus gros match que j’aie jamais joué. C’est un joueur que j’ai regardé à la télévision ces 16 ou 17 dernières années. Être là moi-même et lui faire face, c’est un défi, mais c’est très agréable aussi. Bien sûr, j’aurais préféré davantage rivaliser, mais au bout du compte, j’espère qu’un jour, je pourrai dire à mes petits-enfants que j’ai joué face à Rafa sur le Chatrier en finale. Ils me diront sans doute : ‟C’est pas vrai ?”. Et je pourrai leur répondre : ‟Oui !” »