(New York) Le débat sur la vaccination obligatoire contre la COVID-19 a rebondi mercredi aux Internationaux de tennis des États-Unis, la Biélorusse Victoria Azarenka, finaliste de l’an passé, jugeant pour le moins bizarre que ce soit imposé aux spectateurs, mais pas aux joueurs.

« Je veux relancer la discussion. À mon avis, il est inévitable que ce soit rendu obligatoire à un moment donné, comme le font d’autres ligues sportives. Je ne vois pas l’intérêt de retarder cela, vraiment, après tout nous voulons tous être en sécurité, nous voulons tous continuer à faire notre travail », a-t-elle dit après sa qualification pour le 3e tour.  

Tout feutré est-il, le microcosme du tennis n’échappe ainsi pas à ce sujet qui divise la société. Il en est même un intéressant reflet à l’échelle mondiale, puisque le circuit WTA a récemment affirmé que près de la moitié de ses joueuses sont vaccinées, le circuit masculin ATP ayant établi pour sa part qu’un peu plus de la moitié de ses joueurs le sont.

Les deux instances, qui à défaut de les obliger, s’efforcent d’encourager leurs administrés à se faire vacciner, espèrent atteindre un taux « supérieur à 85 % d’ici la fin de l’année ».  

Azarenka (19e mondiale), deux fois lauréate des Internationaux d’Australie et trois fois finaliste à Flushing Meadows, a dit « respecter l’opinion de chacun, tant que cela ne s’appuie pas sur une théorie du complot […] Or j’ai l’impression que beaucoup sont mal informés. »

« Pas à nous de décider »

Daniil Medvedev a semblé bien pris de court au moment d’aborder le sujet, contrairement à la forte impression laissée plus tôt sur le Arthur Ashe, pour avancer au 3e tour.  

« Difficile de répondre. Chacun doit avoir sa propre opinion. Je comprends pourquoi ils ont rendu la vaccination obligatoire pour les fans… Mais pour ce qui est des joueurs, ce n’est pas à nous de décider, c’est aux instances. Si nous devons avoir la même règle que celle imposée aux spectateurs, alors nous devrons trouver une façon de faire avec ça », a dit le Russe qui avait exprimé ses doutes sur le vaccin il y a quelques mois.

Pour Andy Murray, membre du conseil des joueurs, décidément à la pointe des sujets chauds après son coup de colère contre Stefanos Tsitsipas, incarnation selon lui de la dérive des longues pauses toilettes qui agite le circuit, ses confrères « ont la responsabilité » de se faire vacciner.  

« Responsabilité » que ne veut pas prendre Tsitsipas, décidément à l’opposé de l’Écossais sur et dehors des courts. « Je ne vois aucune raison pour quelqu’un de mon âge de le faire, le vaccin n’a pas été suffisamment testé, il y a des effets secondaires », a-t-il dit au New York Times avant le tournoi.

Autre réfractaire, Gilles Simon, cas contact et donc contraint au forfait avant le tournoi, a confié à L’Équipe que c’était « par choix au début ». « Je ne voulais pas. Je n’ai pas très peur de la COVID-19. Ma philosophie, c’est : “si tu en as peur, tu te vaccines, sinon, non” », a-t-il expliqué, concédant néanmoins faire partie « de ceux qui finiront par le faire ».

Et si Djokovic était positif ?

S’il avait été vacciné, il aurait pu jouer en étant testé plus régulièrement, selon le protocole en vigueur.

Cette disparité de traitement entre vaccinés et non vaccinés a été évoquée par Andy Murray pour qui « cela va devenir un problème dans les mois à venir », anticipant « des discussions longues et difficiles entre l’ATP et les joueurs pour essayer de trouver une solution ».

En juin, alors qu’il menait de six coups à la veille du dernier tour d’un tournoi du circuit PGA, le golfeur espagnol Jon Rahm, N.1 mondial, a été contraint de se retirer après avoir été contrôlé positif.

Si Novak Djokovic, en quête aux Internationaux des États-Unis d’un Grand Chelem calendaire, devant porter de surcroît à 21 son record de Majeurs au palmarès, était victime du même sort, il devrait alors renoncer à son rêve avec perte et fracas.  

Interrogé juste avant le tournoi, le N.1 mondial serbe a estimé que la décision de se faire vacciner « était personnelle » et n’a pas dit s’il l’était.

L’an passé, lui et d’autres joueurs comme Alexander Zverev et Andrey Rublev, ses rivaux à New York, avaient été testés positifs durant l’Adria Tour, une exhibition qu’il avait organisée à travers les Balkans sans respecter les mesures de sécurité, avec bain de foules et fêtes à l’appui.