Naomi Osaka a eu le temps de lire et de réfléchir longuement à la suite de l’arrêt des activités du tennis, en raison de la pandémie .
Elle a mérité un troisième titre majeur en triomphant à New York, mais elle s’est aussi distinguée en prenant position contre les injustices raciales et la brutalité policière.
Dimanche, elle a été nommée l’athlète féminine de l’année par l’Associated Press, au terme d’un scrutin mené auprès de journalistes de l’agence de presse.
« Ç’a été dur d’être isolée de ma famille pendant de bonnes parties de l’année, mais ce n’est rien en comparaison de ce qu’ont vécu d’autres personnes », a-t-elle confié, dans un courriel.
« C’était triste de voir les nouvelles et de lire au sujet de tous ces gens souffrant de la COVID-19, dit-elle. Il y a aussi les répercussions sociales et économiques, comme les pertes d’emplois et les problèmes de santé mentale.
« L’année a été si difficile pour tellement de personnes. En plus, de voir les injustices impliquant la police dans les cas de George Floyd, Breonna Taylor et Jacob Blake [pour ne nommer qu’eux], ça m’a brisé le cœur. »
Je suis fière d’avoir remporté les Internationaux des États-Unis, mais je le suis encore plus d’avoir amené les gens à discuter de problèmes de fond.
Naomi Osaka
Billie Jean King, gagnante de 12 tournois du Grand chelem en simple, et militante de longue date en faveur de causes sociales, a louangé Osaka pour avoir été « non seulement une meneuse dans le tennis féminin et le sport en général, mais aussi une force en faveur du changement dans la société. »
Osaka a montré une fiche de 16-3 dans un calendrier écourté d’environ cinq mois, terminant 2020 au troisième rang de la WTA. En août et septembre, sa série de 11 gains de suite a culminé quand elle devenue la reine de Flushing Meadows.
Durant un tournoi précédant celui de New York, Osaka, dont le père est haïtien et la mère japonaise, a dit qu’elle ne jouerait pas en demi-finale, se joignant notamment aux athlètes de la NBA, pour protester contre les actions de la police dans le dossier Blake.
« Ç’a m’a touché particulièrement en raison de mon vécu, a-t-elle dit. Quand le tennis a dû se mettre en pause, j’ai pu passer une grande partie de mon temps à m’informer à la télé et à lire les nouvelles, et ce pour la première fois de ma vie.
« Les tensions sociales avaient atteint un point critique. Le moment était approprié pour moi de prendre la parole. »
Lors des Internationaux des États-Unis, Osaka est arrivée sur le terrain en portant des masques avec les noms de Floyd, Taylor, Tamir Rice, Elijah McClain, Trayvon Martin, Ahmaud Arbery et Philando Castile.
« Je ne me suis pas souciée de ce qu’en penseraient les autres, a dit Osaka. Ça n’allait pas m’empêcher d’écouter mon cœur.
« Les voix fortes de Colin [Kaepernick] et LeBron [James] ont été des influences positives. Elles ont donné de la force à mes certitudes. »