Au beau milieu d'une série désastreuse contre Novak Djokovic - sept défaites consécutives en finale, dont trois en Grand Chelem - Rafael Nadal avait sauvé les meubles (certains diront l'essentiel) l'été dernier en remportant les Internationaux de France à Roland-Garros.

Bien aidé par son copain Roger Federer - qui avait sorti l'ogre Djokovic en demi-finale -, Rafa n'avait pourtant montré aucune sympathie en finale en défaisant aisément le Suisse, 7-5, 7-6 (3), 5-7 et 6-1, pour enlever son sixième titre à Paris.

L'Espagnol présente une fiche extraordinaire de 45 victoires contre seulement 1 défaite à Roland-Garros, et un septième titre constituerait un record absolu. Originaire de Majorque, Nadal se considère aussi comme un peu chez lui dans le mythique stade de la Porte d'Auteuil. Les Parisiens l'ont d'ailleurs adopté et il est considéré là-bas comme un véritable demi-dieu.

Cette année, ragaillardi par deux victoires successives sur Djokovic, chaque fois sur la terre battue, Nadal revient sur la terre battue rouge apparemment plus fort que jamais. «J'ai encore des choses à améliorer dans mon jeu», a toutefois nuancé l'Espagnol, hier, en conférence de presse lors du tirage au sort. «J'ai battu Novak cette saison, mais ce tournoi est différent et il est le favori.»

De son côté, Djokovic a aussi rendez-vous avec l'histoire. Une victoire permettrait au vainqueur des trois derniers tournois majeurs de compléter un Grand Chelem sur deux saisons, ce que personne n'a accompli dans l'ère moderne. «J'ai déjà assez de pression! a-t-il toutefois rappelé, hier. Pour moi, Rafa (Nadal) est encore le favori. Il est toujours très fort en fin de tournoi et ce sera très, très difficile de le vaincre ici.»

Affecté par le décès de son grand-père il y a quelques semaines, le Serbe a assuré qu'il avait «tourné la page». Il a d'ailleurs beaucoup fait parler de lui cette semaine avec l'annonce d'un nouveau partenariat avec le manufacturier japonais de vêtement Uniqlo, alors qu'il devait pourtant porter les couleurs de Sergio Tacchini pour une dernière fois à Roland-Garros...

Loin de ces «controverses», Federer rêve de répéter son exploit de 2009, quand il avait profité de l'élimination précoce de Nadal pour enlever le seul grand titre qui manquait à son palmarès. Cinq fois finaliste à Roland-Garros, le Suisse est, quoi qu'on dise, un sapré joueur sur la terre battue. Il aura assurément de belles cartes à jouer face aux deux favoris, qu'il pourrait devoir battre successivement - Djokovic en demi-finale, Nadal en finale - s'il veut s'imposer.

Il est difficile d'imaginer qu'un autre joueur puisse s'immiscer en finale, voire gagner le tournoi. L'Espagnol David Ferrer excelle sur la terre battue depuis le début de la saison, l'Argentin Juan Martín Del Potro revient à un excellent niveau, le Britannique Andy Murray, le Français Jo-Wilfried Tsonga ou le Tchèque Tomas Berdych sont capables de beaux exploits, mais ce serait une très grande surprise de voir l'un ou l'autre de ces joueurs dépasser le stade des demi-finales.

Indécis chez les femmes

Chez les femmes, comme toujours, le tournoi est très ouvert. La Biélorusse Victoria Azarenka a marqué le pas après sa victoire en Australie et un début de saison euphorique. Pratiquement toutes les filles du top 15 mondial peuvent prétendre au titre.

Il faudra néanmoins se méfier particulièrement de la Chinoise Li Na, championne à Roland-Garros l'an denier, de la Russe Maria Sharapova, en gros progrès sur la terre battue, et surtout de l'Américaine Serena Williams, très performante depuis quelques semaines. La fantasque joueuse de 30 ans n'est jamais autant redoutable qu'en Grand Chelem et elle adore Paris, où elle avait gagné il y a déjà 10 ans.

Six Canadiens en simple

Pas moins de six joueurs canadiens sont des tableaux principaux en simple à Roland-Garros: Milos Raonic (22e), Vasek Pospisil (102e) et Frank Dancevic (120e) chez les hommes; Aleksandra Wozniak (57e), Stéphanie Dubois (98e) et Heidi El Tabakh (183e, qui s'est qualifiée hier) chez les femmes.

Chez les hommes, Raonic est 19e tête de série et affrontera d'abord l'Espagnol Ruben Ramirez Hidalgo (73e). Les choses se compliqueraient au troisième tour, avec un possible duel contre l'Argentin Juan Monaco (15e), et surtout au quatrième alors que Raonic affronterait sans doute... Rafael Nadal.

Dancevic, qui revient au jeu après une blessure, amorcera le tournoi contre le Slovaque Martin Klizan (67e), tandis que Pospisil, pas vraiment un spécialiste de la terre battue, devra d'abord affronter le Français Édouard Roger-Vasselin (83e).

Du côté féminin, Wozniak, qui a toujours fait sa marque à Roland-Garros, devra amorcer la compétition contre El Tabakh! Ce n'est pas nécessairement un avantage pour la Québécoise quand on pense que sa rivale aura eu trois matchs de préparation sur les courts parisiens. Wozniak est toutefois en pleine progression et voudra gagner quelques matchs afin d'assurer sa qualification pour les Jeux de Londres. Elle pourrait cependant tomber sur la favorite Victoria Azarenka dès le troisième tour...

Dubois a été ralentie par les blessures depuis le début de la saison, mais elle semble avoir retrouvé la forme et affrontera l'Israélienne Shahar Peer (53e) au premier tour. Une victoire lui permettrait sans doute de faire face à la Serbe Ana Ivanovic au tour suivant.