Il paraît que ce n'est pas bon de garder tout en dedans. Les frustrations refoulées sont un poison pour le for intérieur. À force de voir son club se faire malmener et encaisser des résultats difficiles à avaler, l'amateur de foot montréalais en a plein l'oesophage.

Certes, il n'est pas très chic de partager ce sentiment de nausée, mais à l'image des malaises digestifs de Lionel Messi sur la pelouse, il est parfois nécessaire d'en purger une petite quantité pour pouvoir continuer.

Disons les choses ainsi: je suis jaloux de Vancouver. Le club de l'Ouest canadien n'est pas étranger aux changements d'entraîneur, mais son avenir semble autrement plus prometteur. Si sa trajectoire ressemble à celle du bleu-blanc-noir depuis l'entrée en Ligue majeure, Vancouver possède une équipe jeune et conquérante qui est drôlement excitante à voir jouer.

Ils ne se retrouvent peut-être pas en finale du championnat canadien, mais en voyant le spectacle électrisant offert par le duo de choc composé de Kekuta Manneh et Erik Hurtado, les partisans britanno-colombiens ont plusieurs bonnes raisons de remplir le stade. Dans les deux cas, on parle de choix au SuperDraft de 2013 qui semblent avoir déjà terminé leur période d'adaptation. Qui plus est, ils paraissent s'entendre à merveille avec le nouveau joueur désigné Pedro Morales. C'est qu'ils sont chanceux, les Whitecaps.

Même Jay DeMerit va bien. Cet arrière central abonné aux blessures - faut croire que tous les clubs en comptent un - n'a mis que six mois pour se remettre d'une rupture au tendon d'Achille subie en début de saison 2013. Vous ai-je dit que j'étais jaloux? Bon, c'est vrai, ils ont aussi les Canucks. Mais c'est pas laid, Vancouver...

C'est un signe

Dimanche après-midi. Montréal. Rue Jean-Talon. Le calme avant la tempête. Deux jeunes hommes en train de marcher sur le trottoir. Ballon en main, chaussures de soccer aux pieds. L'un portant le maillot de l'Italie, l'autre un chandail du Canadien. Voyez-y ce que vous voudrez, d'après moi, la Coupe (du monde) s'en vient.

On le sent peut-être un peu moins, la ville étant toujours résolument hockey.

L'horizon sportif est encore obstrué par les séries, tel Dustin Tokarski sur un tir voilé. Mais nul doute que la fièvre est sur le point de se propager dans la ville et ses quartiers.

À tel point qu'on peut se demander comment la Fédération de soccer du Québec n'a pas encore réussi à mieux atteler l'effervescence qui règne durant les grands événements de ballon rond. Avec 200 000 membres dans une fédération, ne serait-il pas logique de voir les commanditaires se battre pour s'associer à cette organisation ? Quelque chose m'échappe. J'aurais donc dû étudier en marketing!

L'idée est peut-être saugrenue, mais il me semble que la fédé pourrait s'inspirer du projet de documentaire participatif Un 30 mai pour conscientiser l'auditoire quant à l'ampleur que le ballon rond a prise dans la province...

Revenons toutefois à la Copa. Chez nos voisins du Sud, c'est toujours le choc. Landon Donovan, désormais meilleur marqueur de l'histoire de la MLS avec 136 buts, devra vraisemblablement regarder le tournoi à la télé. Il a été retranché plutôt hâtivement par le sélectionneur Jürgen Klinsmann, et on comprend le scepticisme des partisans qui manifestent l'envie de crier au sabotage. Incroyable qu'on en soit presque rendu à souhaiter une blessure permettant à Donovan de regagner sa place!

Ailleurs, l'Espagne devra faire des choix déchirants pour se donner les meilleures chances de conserver son titre au Brésil. Diego Costa, encore blessé, paraît bien fragile pour faire partie du groupe. Vicente Del Bosque devra choisir entre lui, Torres, Negredo ou Llorente.

Mais le joueur le plus important de la Roja n'est pas un attaquant. Il s'agit de Sergio Ramos. Le défenseur central, héros du Real Madrid dans la conquête de la Decima, a marqué un but providentiel contre l'Atletico Madrid. Sans contredit le meilleur arrière du monde, quand il évite les cartons rouges... De quoi faire trembler le Brésil en entier, y compris le roi Pelé.