Réduire l'Islande à un «autobus» garé devant son but pour préserver le match nul de 1-1 face au Portugal? Classique. Y ajouter «petite mentalité», ça ne passe pas: le poids lourd Cristiano Ronaldo, muet pour ses débuts, a été renvoyé dans ses cordes par le petit poucet de l'Euro 2016.

«L'Islande n'a rien essayé, ils n'ont fait juste que défendre, défendre, défendre, et joué en contre. Ils ont mis l'autobus devant le filet. Ils ont eu deux occasions et ont marqué un but. C'est une soirée chanceuse pour eux. Selon mon opinion, c'est petite mentalité. C'est pourquoi ils ne feront rien». Signé, CR7.

Face au mépris affiché par la star du Real Madrid, la réplique ne s'est pas fait attendre du côté des joueurs islandais, entrés dans l'histoire de leur pays (320 000 habitants, 20 000 licenciés au soccer) en tenant tête à l'une des places fortes du soccer européen pour leur premier match dans une compétition internationale.

«C'est un footballeur fantastique, mais ce n'est pas une bonne personne, a riposté le défenseur Kari Arnason. Nous avons failli gagner, ce qui contredit le fait qu'il dise que nous n'avons pas joué pour gagner. Nous avons fait match nul et aurions pu l'emporter».

«Bien sûr, nous n'allions pas nous créer autant d'occasions qu'une équipe fantastique comme le Portugal, mais ses commentaires expliquent pourquoi (son rival) Messi sera toujours un cran au-dessus de lui», a-t-il encore dégainé.

Mais comme l'a souligné le sélectionneur islandais Lars Lagerbäck, «CR7» ne peut s'en prendre au final qu'à lui-même tant il a eu de nombreuses occasions pour faire la décision, à l'image du long ballon impeccable de Pepe, façon Bonucci contre la Belgique, qu'il n'était pas parvenu à contrôler, alors qu'il se trouvait seul face au but (23e).

«Il faut juste qu'ils jouent mieux»

«Il arrive souvent que les joueurs et les équipes qui s'attendent à gagner et ne le font pas rejettent la faute sur l'adversaire. Mais s'ils veulent battre l'Islande, il faut juste qu'ils jouent mieux, c'est aussi simple que ça», a répondu le tacticien suédois.

En première période ce fut le cas, avec à la clé un but de Nani. Mais après l'égalisation de Bjarnason, les Portugais, moins lucides dans l'adversité, sont retombés dans leur travers habituel: s'en remettre à un éclair de leur capitaine, qui n'est jamais venu, au lieu de poursuivre leurs variations de jeu, moins facile à lire pour les Islandais.

«Nous avons été faibles dans les instants qui ont suivi leur but. C'est de notre faute. Dans les cinq ou dix dernières minutes, nous étions trop nerveux. Nous aurions dû être plus patients», a admis, plus lucide que Ronaldo, le sélectionneur lusitanien Fernando Santos.

Positionné à la pointe de l'attaque portugaise, l'ex-star de Manchester United a beaucoup dézoné pour tenter de faire la décision, y laissant un peu trop de jus. S'il veut espérer aller loin dans cet Euro 2016, «CR7» va devoir retrouver son instinct de tueur au plus vite.

Et ce dès samedi au Parc des Princes à Paris, dans un choc face à l'Autriche qui s'annonce déjà capital pour sa quête d'un titre international avec le Portugal, le seul qui manque à son palmarès XXL. La taille de son ego.