(Sydney) Les Anglaises, championnes d’Europe en titre, se sont qualifiées mercredi pour la première finale de Coupe du monde de leur histoire en éliminant l’Australie (3-1), portée jusqu’au bout par tout un stade, et malgré un bijou de Sam Kerr.

Les « Lionesses », 4es au classement de la FIFA, mettent ainsi fin à leur malédiction : en six participations, l’Angleterre n’avait jamais atteint une finale (troisième en 2015, puis quatrième en 2019).

Comme la Norvège (1993 et 1995) et l’Allemagne (2001, 2003, 2005, 2007, 2009), l’Angleterre pourrait enchaîner deux titres consécutifs, avec l’Euro et la Coupe du monde. Face à elle dimanche à Sydney, l’Espagne disputera aussi sa première finale mondiale.

Les Anglaises ont mis un terme mercredi au parcours rêvé des « Matildas », qui avaient retrouvé leur vedette Sam Kerr titulaire et qui étaient soutenues par tout un pays et par l’Australia Stadium de Sydney, acquis à leur cause.

La sélectionneuse Sarina Wiegman, déjà finaliste de la Coupe du monde avec les Pays-Bas en 2019, retrouve donc la finale, après avoir remporté l’Euro l’année dernière avec les Anglaises. Il s’agit de la première entraîneuse à disputer deux finales mondiales consécutives avec deux nations différentes, hommes et femmes confondus.

PHOTO CARL RECINE, REUTERS

Sarina Wiegman

La Néerlandaise de 53 ans a transformé en machine à gagner une sélection jusque-là cantonnée aux places d’honneur, et continue sa mission, malgré les blessures à répétition.

« Tu te rends en finale, c’est très spécial, a souligné Wiegman lors d’une entrevue d’après-match. Je n’ai jamais tenu quoi que ce soit pour acquis et je me demande si je suis au milieu d’un conte de fées. »

« La seule chose que j’ai toujours voulu faire, c’est d’accéder à une finale de Coupe du monde », a réagi la défenseure anglaise Lucy Bronze au micro de la BBC après le match.

Nous avons joué comme nous le voulions, nous étions déterminées et résilientes. Nous savions que le stade serait fou et on s’est dit qu’on allait le faire taire, et à la fin, nous l’avons fait.

Lucy Bronze

Dans un inhabituel maillot bleu, les Anglaises ont été un perpétuel danger dans la défense australienne. Et n’ont jamais tremblé.

Malgré de belles interventions de la gardienne australienne Mackenzie Arnold, devenue héroïne nationale depuis l’interminable séance de tirs au but remportée contre la France en quart de finale, les Australiennes, qui jouaient leur première demi-finale, ont laissé trop d’espace.

À l’image du premier but des Anglaises, trop peu pressées dans la surface. Servie en retrait par Alessia Russo, Ella Toone a ouvert le score d’une frappe puissante du droit dans la lucarne opposée, ne laissant aucune chance à Arnold (36e), son 17e but avec l’Angleterre.

Kerr, un bijou et un raté

Comme contre la Colombie, portée aussi par le stade olympique de Sydney, les Anglaises ont éteint d’un coup la ferveur des 75 700 spectateurs.

Mais l’enceinte s’est réveillée brutalement sur un bijou de l’icône Sam Kerr, venue de nulle part. Partie seule, Sam Kerr a déclenché une frappe sublime depuis l’extérieur de la surface, qui s’est logée sous la transversale de Mary Earps (63e). Une frappe à 24 mètres, calculée à 95 km/h. Le premier but de son quatrième Mondial, le 64e à sa 124e sélection.

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Sam Kerr

Le match s’est alors intensifié, grâce au réveil des joueuses en jaune et vert. La capitaine australienne a failli doubler la mise juste après son but, mais sa tête a été captée (65e). C’était sans compter sur le flegme et l’efficacité britanniques.

Alors qu’elles étaient pressées par les « Matildas » enfin tranchantes, les Lionnes, loin de céder à la panique, ont repris l’avantage, en raison d’une erreur de la Lyonnaise Ellie Carpenter, qui a laissé Lauren Hemp passer dans son dos et tromper Arnold (71e), marquant son troisième but du Mondial.

En fin de match, Kerr a vu sa reprise du droit s’élever trop haut (84e), avant que les Anglaises fassent taire définitivement les « Aussie », quand Alessia Russo a marqué (86e) en croisant parfaitement son tir.

Après le but, au milieu de rond central, la capitaine australienne, les mains sur les genoux, portait le regret et la peine de tout un pays sur ses épaules. L’Australie tentera de se consoler lors du match pour la troisième place samedi face à la Suède.

« Nous voulions dominer le match, mais nous ne l’avons pas fait. Nous voulions créer plus d’occasions de marquer et nous ne l’avons pas fait, a observé la milieu de terrain australienne Katrina Gorry, qui disputait une 100e partie avec l’équipe nationale. Vous savez, nous devons nous ressaisir rapidement et nous voulons remporter la médaille de bronze. »

Espagne c. Angleterre, dimanche à 6 h (heure du Québec)