« Il y a de grands gestes qui ont été posés par le club [pour le soccer féminin] dans la dernière année », a lancé le directeur, culture soccer, chez le CF Montréal, Patrick Leduc, en marge du Panel BMO organisé par l’équipe, jeudi soir.

C’est vrai. L’Impact a rapatrié le Programme Excel féminin (PEF), le centre national de développement de Soccer Québec, qui regroupe les meilleures joueuses de 15 à 18 ans de la province, en mai. Il a aussi accompagné les joueuses du PEF lors d’un voyage à Paris, où elles ont croisé le fer avec le Paris Saint-Germain, notamment.

Or, même si les panélistes et les acteurs présents ont tous tenu à souligner le progrès que le soccer féminin a connu dans les dernières années, il y a encore un bout de chemin à faire avant d’arriver à l’équité.

C’est sur ce thème qu’a été organisé ce panel : celui de l’équité. Jeudi soir, lors de la deuxième édition dudit panel, les participants, les membres du club, les joueuses du PEF et leurs parents sont tous arrivés tirés à quatre épingles malgré la météo pour faire un brin de réseautage et se gaver de tartare de bœuf et de popcorn.

Si on avait pratiquement oublié que les éclairs et les avertissements de tornade ont quelque peu retardé le coup d’envoi de l’évènement, une alerte qui a sonné durant le discours de Gabriel Gervais, président du club, a gentiment ramené la foule sur terre.

Une interrogation de Patrick Leduc a bien résumé l’essence des discussions : « Est-ce que les chances pour les joueuses féminines étaient égales que pour les garçons ? Nous avons une académie qui a plus de 10 ans, mais qui a été limitée aux garçons jusqu’à cette année », a-t-il noté, sous-entendant que ce n’était pas le cas avant le transfert.

Maintenant qu’un volet féminin a été entériné et qu’un programme régional pour les filles entre 8 et 12 ans est en place, les premiers jalons ont été plantés.

À l’heure où la suite des mesures pour faire progresser le soccer féminin n’est pas claire ou dévoilée, il reste que le Bleu-blanc-noir est un club professionnel. L’une des missions pourrait être de former les modèles féminins dont tous les panélistes ont mentionné la nécessité. Bref, un peu comme ils le font du côté masculin avec les Samuel Piette, Jonathan Sirois et Mathieu Choinière de ce monde.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Gabriel Gervais, président du CF Montréal

La grosse différence entre les filles et les garçons, c’est qu’il n’y a pas de ligue professionnelle chez les filles au Canada.

Gabriel Gervais, président du CF Montréal

« On souhaite que ce vide soit comblé par le Project 8. Peu importe si cette ligue se créait ou pas, c’était notre devoir de développer le soccer de la base vers le professionnel du côté féminin. On voulait absolument mettre en place cette académie chez les U-15 et U-17 pour permettre aux filles d’accéder aux équipes nationales. On veut être un tremplin. »

Pour être un tremplin dont on peut se servir, il faut s’assurer qu’il permette de faire le grand saut.

Outiller le PEF

Pour que les joueuses du PEF puissent rejoindre cette future ligue professionnelle canadienne, qui verra le jour en avril 2025 – ou tout autre ligue –, elles doivent être convenablement équipées.

Selon l’attaquante de pointe du PEF Esther Brossard, c’est le cas.

Depuis l’arrivée de l’Académie, on a beaucoup plus de support tant au niveau du personnel d’entraîneurs que pour les tâches administratives. Elle nous offre aussi un soutien financier. […] On se sent beaucoup plus soutenues.

Esther Brossard, attaquante de pointe du PEF

Il faut cependant noter que malgré le changement de parents, les joueuses du PEF résident encore à Laval et non au Centre Nutrilait comme leurs homologues masculins.

« Le centre de Bois-de-Boulogne est de qualité mondiale », a fait valoir Gervais avant de préciser que le Centre Nutrilait est trop petit pour accueillir tout ce beau monde.

Oui, on a des plans potentiels de pouvoir agrandir le Centre Nutrilait. Cependant, pour un avenir rapproché, on va poursuivre notre collaboration avec Soccer Québec à Bois-de-Boulogne pour que l’Académie continue à progresser.

Gabriel Gervais, président du CF Montréal

Une fois que les joueuses auront terminé leur stage chez le CFM à 18 ans, le club n’a pas l’intention de s’en laver les mains et de les laisser s’aventurer seules dans le monde professionnel. Du moins, pas selon ses dires.

« Nous avons des contacts et on peut ouvrir des portes au niveau professionnel ou universitaire. On pourrait faire un partenariat avec une équipe professionnelle même si on ne se lancera pas là-dedans. Nous voulons être un incubateur de talents pour une équipe professionnelle, qu’on souhaite voir au Québec », souligne Gervais.

Esther Brossard, buteuse contre le PSG, s’est dite « confiante » que le club va offrir des occasions pour les filles comme elle qui souhaitent devenir professionnelles.

Le temps dira si le Bleu-blanc-noir sera en mesure de former de nouvelles Gabrielle Carle et Bianca St-Georges.

CF Montréal : Gervais « très enthousiaste »

« Si on enlève les trois derniers résultats, on était très, très bien positionné avec une place dans les séries pas mal à la mi-saison, malgré le début de saison très laborieux. Je regarde l’ambiance au stade Saputo et elle est remarquable, on a eu trois salles combles, c’est un record pour nous à ce point-ci de la saison. Je suis extrêmement content de l’engouement et de nos partisans », a expliqué Gabriel Gervais au sujet du CF Montréal. « De là à dire que je suis pleinement satisfait au point de vue des résultats sur le terrain, non. On aurait aimé ça, gagner le Championnat canadien, et on s’était rendu en finale. Maintenant, on est sur une lancée un peu plus difficile, mais je crois beaucoup dans notre équipe et notre staff. L’acquisition récente de Mahala Opoku, c’est vraiment en ligne avec le projet que l’on veut mettre en place, donc je suis très enthousiaste pour le reste de la saison. La Leagues Cup s’en vient, donc il n’y a que de belles choses pour le restant de la saison. »