(Doha) Tenace à défaut d’être étincelant, le Brésil s’est défait lundi de l’étau suisse (1-0) pour accéder aux huitièmes de finale du Mondial-2022, laissant Casemiro ponctuer d’un but tardif sa domination collective en l’absence de Neymar, blessé.

Deuxièmes du groupe G avec trois points, les Suisses devront pour leur part valider leur qualification vendredi contre la Serbie, qui ne compte qu’un point après son nul contre le Cameroun dans l’après-midi.

Si la Nati a « manqué d’audace » dans ses rares incursions, a déploré son sélectionneur Murat Yakin, sa compacité dans la surface, la vigilance de son portier Yann Sommer et sa capacité à ressortir calmement les ballons ont offert un sérieux test à l’attaque auriverde, privée de son habituel maître à jouer.

« Nous savions que la Suisse avait été la meilleure défense des éliminatoires […] Elle joue plus bas et elle semble te dire : “fais des erreurs et j’en profiterai” », a d’ailleurs salué Tite, le sélectionneur brésilien.

Sans le « Ney », blessé à la cheville contre la Serbie et resté à l’hôtel pour continuer ses séances de kinésithérapie, il a manqué au Brésil un brin de folie et d’impact sur son flanc gauche, animé par Paqueta en première mi-temps puis Rodrygo en deuxième.

Vinicius intenable

« Bien sûr que Neymar a des caractéristiques différentes des autres. En un instant magique, il clarifie le jeu et on se demande : “Mais il a fait quoi ?” Il manque vraiment à l’équipe », a reconnu Tite.

Mais les Brésiliens ont aussi rappelé l’étendue de la panoplie qui fait d’eux des favoris : charnière solide, ailiers virevoltants, sûreté technique dans l’entrejeu, capacité à jouer en une touche comme à percuter, longues transversales et une-deux millimétrés.

Et c’est finalement Casemiro, grognard de la Seleçao une nouvelle fois impeccable en sentinelle, qui s’est chargé de porter l’estocade en concluant une énième percée venue de la gauche.

Vinicius, extrêmement incisif toute la soirée, s’était procuré la première belle occasion de la partie, d’emblée dominée par les Brésiliens : une demi-volée dans la course aux six mètres, mais Yann Sommer avait sorti la parade indispensable (27e).  

Raphinha a ensuite pris sa chance de 25 mètres, mais son tir puissant était trop centré pour espérer inquiéter le gardien de la « Nati » et de Mönchengladbach.

Les Brésiliens avaient en revanche beaucoup de mal à trouver Richarlison, l’homme du doublé contre la Serbie, souvent englué dans le filet défensif que les Suisses avaient tissé autour de lui.  

Rodrygo sert Casemiro

À la pause, Tite a cherché à modifier son animation offensive, en remplaçant Paqueta par Rodrygo, au style de jeu plus proche de celui de Neymar, et qui joue parfois meneur de jeu au Real Madrid.

Mais pendant que les Brésiliens allongeaient le jeu et semblaient s’en remettre à des centres trop hasardeux, les Suisses mettaient la défense sous pression, le jeune milieu Fabian Rieder passant même tout prêt de marquer pour sa première titularisation.

Alex Sandro, d’un tacle parfait dans ses propres six mètres, a alors sauvé la patrie brésilienne (53e), avant d’intervenir devant Vargas (54e) : les Suisses, guère aidés par un Embolo peu inspiré dans ses appels, avaient laissé passer leur chance.

Vinicius, très en jambes, a failli ouvrir la marque d’un but superbe en contre, refusé par la VAR pour un hors-jeu au départ de l’action (64e), avant que Casemiro ne soulage le Brésil : superbement servi par une déviation subtile de Rodrygo sur la gauche de la surface, il a placé un extérieur du pied croisé dans le petit filet opposé, sur lequel Sommer est resté impuissant (1-0, 83e).

« Prendre un but comme ça contre le Brésil, c’est doublement douloureux, parce qu’on est bien restés compacts et qu’ils n’ont pas eu beaucoup d’occasions franches », a regretté le capitaine suisse Granit Xhaka, saluant un adversaire « très, très fort ».