(Lisbonne) Habité par une ambition démesurée, Cristiano Ronaldo enchaîne les titres et les exploits depuis ses 20 ans. À 37, le Portugais jouera au Qatar sa cinquième Coupe du monde, sa dernière chance de sacre planétaire.

Depuis ses premiers pas au Mondial-2006 (demi-finale), la superstar a multiplié les désillusions lors du grand rendez-vous quadriennal, sans parvenir à faire mieux par la suite que deux huitièmes de finale (2010, 2018), entrecoupés du crève-cœur d’une élimination au premier tour (2014).

Mais le quintuple Ballon d’Or s’est rattrapé en remportant l’Euro-2016 puis la Ligue des nations 2019. Les deux premiers trophées de l’histoire de la Seleçao… qui ont à peine contenté son insatiable appétit.  

À un âge où les footballeurs entament leur vie d’après, apprentis entraîneurs ou consultants de luxe sur les plateaux télévisés, le natif de Madère continue de soigner son corps et ses records, restant indispensable en équipe du Portugal.

« Même s’il ne joue pas, Cristiano c’est Cristiano. C’est un honneur de l’avoir dans notre sélection. Même à 37 ans, on peut toujours compter sur lui », a résumé cet été l’attaquant de l’Atlético Madrid Joao Félix.

Pour devenir « CR7 », ce surnom dont il a fait une marque, il fallait une sacrée ambition, presque « anormale », selon les mots de Zinédine Zidane, son ancien entraîneur au Real Madrid.

Être le premier, atteindre le sommet, tel a toujours été son objectif, au risque de s’attirer les critiques de la jouer trop « perso » dans un sport collectif.

Record mondial de buts

Quintuple vainqueur de la Ligue des champions (un sacre avec Manchester United, quatre au Real), Ronaldo a longtemps été le roi du football européen avec son éternel rival Lionel Messi, septuple Ballon d’Or.

Mais ces dernières saisons ont alimenté l’idée d’un déclin, de la Juventus Turin à Manchester, où il est revenu en 2021 et où sa place de titulaire est contestée.

Les années passant, Ronaldo ne semble plus capable de fournir la même débauche d’énergie : loin du dribleur irrésistible de ses débuts, le Portugais s’est mué en avant-centre à la finition clinique, devenant le meilleur buteur de l’histoire de la C1 (140 buts à ce jour, contre 129 pour Messi, son premier poursuivant).

Avec plus de 800 buts en matchs officiels (dont 117 avec le Portugal, un record en sélection), il a aussi dépassé le mythique total attribué au « roi » Pelé (767) et établi un nouveau record mondial en dépassant les 805 du Tchèque Josef Bican.

Au Qatar, « CR7 » aura l’occasion de devenir le premier joueur à marquer lors de cinq éditions du Mondial.

Mais il voit déjà plus loin : « Je veux continuer à faire partie de l’équipe nationale lors de la Coupe du monde (au Qatar) et du Championnat d’Europe (en 2024), je l’assume dès maintenant », a-t-il déclaré en septembre.

Affamé de réussite

De fait, Ronaldo a été très tôt affamé de réussite, symbole d’un chemin de vie heurté, marqué par une enfance difficile avec un père mort en 2005, qu’il avait choisi d’étaler dans un documentaire autobiographique (« Ronaldo », 2015).

À 12 ans, le jeune Cristiano Ronaldo dos Santos Aveiro quitte la petite île de Madère, dans l’océan Atlantique, pour s’installer seul à Lisbonne. Un déracinement très difficile à vivre pour le frêle gamin, raillé par ses camarades du Sporting Portugal pour son fort accent insulaire.

Ce caractère à fleur de peau lui a valu une douzaine de cartons rouges dans sa carrière et de fréquents gestes d’humeur.

Le Portugais a même connu une tempête médiatique face aux accusations de viol qui l’ont visé à l’été 2018, avant que la justice américaine décide de ne pas le poursuivre, faute de preuves.

Admiré de tous, mais parfois clivant, Ronaldo a construit sa carrière comme il a travaillé son corps, par le travail et la discipline, se forgeant une carapace… et un ego bien trempé.

« Parce que je suis riche, je suis beau, je suis un grand joueur, les gens me jalousent », assurait ainsi le Portugais en 2011.

Ce dieu du stade aux cheveux gominés et aux revenus annuels supérieurs à 100 millions d’euros affiche volontiers son opulence sur les réseaux sociaux : train de vie fastueux, bolides rutilants, jet privé.

Ces dernières années, sa vie de famille avec le mannequin espagnol Georgina Rodriguez et ses cinq enfants a pris une place plus importante sur les photos qu’il donne à voir à ses près de 500 millions d’abonnés sur Instagram, réseau sur lequel il est la personnalité la plus suivie au monde.