« Je ne parle pas de mon contrat aujourd’hui. » N’en déplaise à Wilfried Nancy, c’est exactement ce que l’on s’apprête à faire.

Parce que l’entraîneur-chef du CF Montréal a tout fait sauf dissiper le brouillard entourant sa situation contractuelle avec le club, mardi, lors du bilan de l’équipe.

C’est plutôt Olivier Renard, directeur sportif et vice-président du club, qui a offert les réponses les plus précises depuis des mois dans ce dossier. Et ce, malgré qu’il se soit désolé de « l’atmosphère d’enterrement » qui régnait au Centre Nutrilait à son arrivée au podium.

« Effectivement, le coach avait une option, comme je l’ai toujours dit », a-t-il indiqué en premier lieu.

« Il a un contrat pour 2023. L’option est levée depuis longtemps dans nos têtes ici, au CF Montréal. »

PHOTO DENIS GERMAIN, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE

Olivier Renard, directeur sportif et vice-président du CF Montréal

Il répondait ici à une question de La Presse au sujet de la rumeur, sortie le matin même par l’informateur Tom Bogert, qui alléguait un intérêt de la part du Crew de Columbus à l’endroit de Nancy. Le journaliste de la MLS ajoutait que ladite option au contrat avait été enclenchée dès que le CFM s’était qualifié pour les éliminatoires.

Pourquoi avoir attendu [pour en parler] ? Tout simplement parce que le coach nous a demandé de ne pas divulguer nos choix.

Olivier Renard, directeur sportif et vice-président du CF Montréal

Ainsi, c’est Nancy lui-même qui a refusé de négocier pendant la saison. Au grand dam du club, explique Renard.

Il reproche aux journalistes leurs spéculations, selon lui, en l’absence d’informations transparentes dans ce dossier.

« Vous avez écrit beaucoup de bêtises, lâche-t-il. Une des bêtises est de faire croire que nous, comme club, on n’avait pas envie de parler avec notre coach. Ou de négocier depuis plusieurs jours, semaines, mois. Nous, comme club, on a bien évidemment envie de continuer pour plusieurs années avec Wilfried. Et le coach nous a tout simplement demandé de ne pas négocier. »

Renard ajoutera dans une réponse subséquente que le CFM voudrait avoir une entente au moins jusqu’en 2025 avec son entraîneur-chef actuel.

Mais il dit avoir « accepté les règles du jeu », parce qu’il n’a « pas encore menacé un joueur ni un membre du staff avec une arme pour signer un contrat ».

« On respecte la situation. Et on verra comment ça va. Mais je répète qu’aussi bien les joueurs que le club en entier aimeraient bien que Wilfried revienne. »

Et l’intérêt de Columbus ?

« J’espère que c’est faux, rétorque le directeur sportif. Parce qu’il y aura de gros problèmes. Notre coach a un contrat. Aucun club du monde ne peut le contacter. Et encore plus précisément un autre club MLS. »

« Intéressé par le projet de Montréal »

Une chose est certaine : la mésentente potentielle entre le propriétaire Joey Saputo et l’entraîneur-chef Nancy, dont la dernière péripétie publique remonte à la défaite contre le Sporting Kansas City le 9 juillet dernier, n’influence pas la décision du club dans ce dossier.

Le CFM s’y est pris plusieurs fois durant les derniers mois pour ouvrir le canal de discussion avec le technicien. Mais c’est du côté de ce dernier que la porte est restée fermée.

Lorsqu’interrogé sur les évènements de juillet en conférence de presse, Nancy répond qu’il n’a « rien à dire sur ce sujet ».

L’entraîneur ne voulait parler ni de cela ni de son contrat. Soit. Alors on pose la question autrement. Est-ce que le projet du CF Montréal l’intéresse toujours ?

« Je suis intéressé par le projet de Montréal, souligne le technicien. Il a toujours été clair. Rien n’a changé par rapport à ça. »

Avez-vous donc quelques mots pour rassurer les partisans qui ont vibré au rythme de vos succès en 2022, et qui espèrent encore le faire en 2023 ?

Je sais que tout va très vite dans le football. J’apprécie ces moments-là. Je suis un être humain. Après, rassurer les fans, je n’ai pas besoin de les rassurer. Ils savent que je les aime. Ils savent que je suis d’ici.

Wilfried Nancy

« Ma femme est de Montréal. Mes enfants sont Montréalais. Moi, je suis Montréalais. Donc voilà, je n’ai besoin de rassurer personne. J’ai juste besoin de leur dire que je suis reconnaissant de l’attitude qu’ils ont envers moi. »

Du reste, Renard soutient toujours avoir « une relation de respect » avec son entraîneur. « J’aime Wilfried autant. Ce n’est pas un problème. C’est comme ça. C’est le football. »

« Je suis son fan numéro 1 »

On a statué que le club veut ravoir Nancy l’an prochain. Ses joueurs aussi.

« Wilfried connaît l’affection que j’ai pour lui, a souligné Samuel Piette. Le plaisir que le reste du groupe autant que moi avons eu cette année avec son personnel. […] Moi, je suis son fan numéro 1. Je le connais depuis que j’ai 15 ans. On a accompli de belles choses cette année. Pourquoi ne pas continuer là-dessus ? »

Kamal Miller estime qu’il a « changé pas mal tout au sein du club depuis son arrivée ».

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Kamal Miller

« La philosophie, la façon dont on joue. Il nous a rapprochés en tant que groupe. Ce serait une grande perte que de le voir partir. Tout le monde veut qu’il reste, et moi aussi. »

Alistair Johnston a parlé de la grande différence entre la première année et la deuxième. « Imaginez ce que ce serait lors de la troisième », lance-t-il.

« S’il revient, on serait excités. S’il décide de passer à autre chose, je lui souhaite la meilleure des chances dans le futur. »

Mais le témoignage le plus poignant a été celui de Djordje Mihailovic, en voie de rejoindre l’AZ Alkmaar, aux Pays-Bas.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Djordje Mihailovic et Wilfried Nancy

« Il était différent de tous les entraîneurs que j’ai eus, a souligné l’Américain. Il comprend la personne derrière le joueur. Ça nous a pris un peu de temps avant d’apprendre à se connaître. Et il y a eu des enjeux entre-temps.

« J’ai grandi beaucoup lors de mes premières semaines ici. Et il m’a dit qu’il a grandi en tant qu’entraîneur aussi. Et ça a signifié beaucoup pour moi, parce qu’on ne pense pas toujours à ce qui se passe de l’autre côté. D’un entraîneur qui apprend d’un joueur. […] Je serai toujours reconnaissant de l’avoir eu comme entraîneur. »