Passer à côté de son occasion, ça ressemble à ça. Le New York City FC a éliminé le CF Montréal par la marque de 3-1, dimanche après-midi au stade Saputo, en demi-finale de l’Est. Un résultat aussi cruel que légitime.

La saison historique du onze montréalais a ainsi pris fin devant une foule conquise et une des belles ambiances de l’histoire de l’enceinte montréalaise. Le seul but des locaux est venu de la tête de Djordje Mihailovic, à la 85e minute. Comme un dernier au revoir de la part de l’Américain.

« Les gars ont tout donné dans ce dernier match », a souligné l’entraîneur-chef Wilfried Nancy après la rencontre.

« Il y a eu des erreurs. Eux aussi en ont fait, et on n’a pas réussi à capitaliser. C’est le football, c’est comme ça. Je préfère retenir 99 % des bonnes choses qu’ils ont faites. »

Samuel Piette a quant à lui parlé de « déception » dans le vestiaire, évidemment. Mais aussi de « fierté ».

On a fait quelque chose cette saison à laquelle pas tout le monde ne s’attendait.

Samuel Piette

« On est surtout déçus de ne pas continuer, a dit le Québécois. On avait la confiance, le groupe, les idées de jeu très, très claires. On savait qu’on était capables de se mettre dans les meilleures conditions possible pour remporter le match. Mais il y a des choses qui arrivent qui sont incontrôlables. »

Des erreurs coûteuses

Parlons-en, de ces « choses ». Parce que sous l’été indien de cette fin d’octobre, le ciel du Bleu-et-noir a très rapidement été couvert de grisaille.

New York a pris les devants après six minutes de jeu tendu et nerveux de la part des locaux. Maxi Morález a profité d’un cafouillage défensif dans la surface montréalaise pour faire 1-0.

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Maxi Morález a ouvert le pointage pour le New York City FC.

« C’est une équipe qui a déjà joué ces grands matchs, a commenté Alistair Johnston à propos des champions en titre. Ils savent comment enfiler ces demi-occasions. »

Montréal s’est ensuite calmé, et a posé son jeu. Ont suivi 40 minutes de domination. Comme si New York s’était satisfait de son avance à l’étranger.

Il faut dire qu’avec un Sean Johnson au sommet de sa forme dans les buts, difficile de leur en vouloir de fermer le jeu. Il s’est notamment érigé en mur pour bloquer une très belle tête d’Ismaël Koné à la 32minute.

« Il a fait deux arrêts de classe mondiale dans cette rencontre », a jugé l’entraîneur-chef des visiteurs, Nick Cushing.

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Sean Johnson a brillé devant le filet du New York City FC.

Montréal a brodé, tricoté, fait son macramé. Mais rien n’y a fait. Vous voulez un exemple probant ? Les locaux ont envoyé 30 centres vers la boîte des Pigeons dans ce match, contre zéro de l’autre côté.

Puis, dans les arrêts de jeu de la première période, la catastrophe. Une contre-attaque létale des Cityzens. Et un Héber, en bon renard des surfaces, qui fait mouche en déjouant James Pantemis. 2-0. Juste avant d’aller se délier les jambes, les partisans du stade Saputo sont bouche bée. Tout comme Johnston et ses coéquipiers.

« C’est difficile quand tu as l’impression d’avoir joué la meilleure mi-temps de la saison, et tu pars vers le vestiaire en retard 2-0. C’est comme… OK, comment ça s’est produit ? »

Nancy n’a pas caché qu’il a vécu de la « frustration » en première mi-temps.

« Le regret que j’ai, avoue-t-il, c’est de ne pas avoir marqué ce but en première mi-temps qui aurait pu changer la donne. »

Des Pigeons expérimentés

Romell Quioto, le meilleur marqueur de l’équipe en saison, a finalement fait son retour au jeu après une absence d’environ un mois. Et il a reçu une belle ovation de la foule en deuxième mi-temps. Il incarnait, à la 54e minute, les meilleurs espoirs de remontée du CF Montréal à ce moment.

Mais l’élan généré a été de courte durée. Une erreur au milieu de Koné, qui du reste avait joué un excellent match, a forcé Pantemis à une faute évidente dans sa surface. Penalty, New York. Et Talles Magno, entré quelques minutes plus tôt, l’a converti sans problème. 3-0. Jeu, set et match.

Malgré la bonne volonté de Johnston notamment, qui s’est démené du début à la fin, l’expérience et la défense solide des New-Yorkais ont fait foi de tout en deuxième mi-temps.

« Il faut donner le mérite à New York City, a estimé Piette. Ils ont eu trois chances et demie et ont marqué trois buts. Ils ont été très bons dans leurs transitions offensives. »

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Keaton Parks et Kamal Miller

Seul vrai moment de réjouissance au stade Saputo : la frappe de la tête de Mihailovic à la 85e minute, qui a forcé le geôlier Johnson à commettre une rare erreur. Le centre était venu du pied de Zachary Brault-Guillard, entré en jeu quelques minutes plus tôt.

Le collègue Raphaël Doucet a demandé à Nancy ce qu’il retiendra de cette saison de rêve. Il a pris un moment pour formuler sa réponse.

« Impossible est une opinion, lâche-t-il. Notre histoire à nous, on y a toujours cru. […] Dans le quotidien, dans ce qu’on fait tous les jours à l’entraînement, dans ce qu’on propose dans le jeu, dans les émotions qu’on donne aux partisans et à nous. »

On aurait aimé aller plus loin, bien entendu. On aurait aimé continuer l’aventure. Mais ça s’arrête là.

Wilfried Nancy

Cette « aventure » peut-elle servir pour inspirer les prochaines ? Selon Cushing, « toutes les équipes doivent passer à travers les défaites, les moments où tu as l’impression de ne pas la mériter, avant de pouvoir gagner ».

Pour Johnston, seulement quelques minutes après être sorti du terrain, cette idée de rite de passage n’est que mince consolation.

« On avait vraiment l’impression d’avoir l’équipe pour soulever des trophées cette année. C’est dommage d’être éliminé de cette façon. Mais je suis satisfait de notre performance, et de celle de la ville ainsi que de la province. On a assurément changé la culture ici. C’est une ville folle de football. »